Les parlementaires et l’immigration
Source : RFI
Les parlementaires yéménites viennent de lancer un appel d’urgence aux riches Etats pétroliers voisins de la péninsule arabique pour leur demander de participer à la prise en charge, sur leur territoire, des réfugiés africains. Ces derniers sont de plus en plus nombreux à fuir les violences de la Corne de l’Afrique en direction des côtes yéménites.
Ils sont de plus en plus nombreux à tenter la périlleuse traversée du golfe d’Aden, au départ de la Somalie, pour fuir les combats de la Corne de l’Afrique et trouver refuge au Yémen. Ils sont plus 20 000, depuis le début de l’année, à tenter l’aventure au Yémen, avec un pic de plus de 10 000 personnes pour le seul mois de septembre.
L’interpellation des parlementaires masque aussi, peut-être, d’autres préoccupations, plus humanitaires que politiques. Ils en appellent à la solidarité régionale, mais aussi à leur propre gouvernement, invité à rédiger un droit d’asile qui fait cruellement défaut pour statuer, avec équité, sur le sort de tous ceux qui ne peuvent pas prétendre au statut de réfugié. Il faut aussi noter que les Yéménites dénoncent la faiblesse des aides de l’Etat et la carence des infrastructures publiques, le tout sur fond de tensions économiques et sociales, avec la crainte que la présence massive de réfugiés ne porte atteinte à la sécurité du pays.
Des coups de bâtons
Les passeurs d’hommes n’hésitent plus à multiplier les traversées et les points de débarquement, le long des 2 400 kilomètres de façade maritime du pays. Le voyage durera de deux à trois jours et coûtera entre 50 et 100 dollars aux candidats à l’immigration, essentiellement des Somaliens et Ethiopiens entassés dans des embarcations de fortune. Le traitement de ces hommes est souvent inhumain. Des coups de bâtons leur sont assénés pendant la traversée. Elle n’en finit plus de se rallonger aussi, cette liste macabre des victimes retrouvées noyées, le long des côtés yéménites. Plus de 200 en l’espace de trois mois. Au moins 60 pour la seule journée du jeudi 22 novembre.
C’est donc un appel d’urgence que vient de lancer le Parlement yéménite aux riches Etats pétroliers voisins de la péninsule arabique. Les députés leur demandent de faciliter l’accueil, sur leur territoire, des réfugiés africains. Le Yémen reste le seul pays de la région signataire de la Convention de Genève, qui donne aux migrants le statut de réfugié. Mais le Yémen est en même temps un des pays les plus pauvres du monde. C’est pourquoi, il sollicite aujourd’hui le partage de ce qui est devenu un lourd fardeau économique et social. Plusieurs centaines de milliers d’Africains ont fait du Yémen leur terre d’asile ou de transit.
La situation se dégrade
Le HCR dispose d’un camp de réfugiés, à Kharaz, à 160 kilomètres au sud-ouest d’Aden, la métropole du sud. L’agence onusienne compte ouvrir, prochainement, un nouveau centre de réception, pour mieux gérer l’arrivée dispersée des migrants. Malgré ces dispositifs et l’action des ONG, comme Save the Children ou Médecins sans frontières, la situation des réfugiés ne fait que se détériorer.
Nombreux sont ceux qui débutent leur nouvelle vie de clandestins, comme laveurs de voitures ou employés de maison dans les grandes villes du pays. D’autres tentent plus souvent leur chance, aujourd’hui, en direction de l’Arabie Saoudite. Pour quelques centaines de dollars, des passeurs, terrestres cette fois, organiseront un autre voyage illégal vers le grand voisin, avant, bien souvent, de les abandonner en route, au milieu de l’aride Tihama, la bande côtière désertique, le long de la mer Rouge. Tous fixeront l’horizon d’un retour, bien improbable.
Les migrants africains se retrouvent au centre d’un débat silencieux entre besoins de solidarité et apaisement des esprits. Seule certitude, les trafiquants d’hommes poursuivront ce commerce très lucratif, synonyme de calvaires pour des silhouettes sans vie, échouées le long des plages de la mer Rouge.
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