La Grèce, pays d'émigration pendant de longues années, a aujourd'hui du mal à faire face au flux croissant d'immigrants, attiré par l'eldorado européen. Tandis que des mesures ont été adoptées pour renforcer le système de surveillance des côtes, certaines organisations non gouvernementales s'indignent des conditions de détention des clandestins
Grillage du centre d'accueil de Samos
Le week end dernier, près de 300 personnes ont été interceptées sur les côtes des îles grecques proches de la Turquie alors qu'elles tentaient d'atteindre le pays, a déclaré, dimanche, le ministre de la marine marchande.
Traditionnellement pays d'émigration, la Grèce est devenue à son tour un pays d'accueil depuis le début des années 90, avec les premières vagues d'immigrés originaires des Balkans. Aujourd'hui, ces hommes, femmes et enfants viennent de plus en plus loin et sont Africains, Iraquiens, Afghans, Pakistanais ou Indiens. En tout, près de 400 000, ces 5 dernières années, ont entrepris ce voyage à hauts risques. Que ce soit par la terre, via la Thrace ou par la mer Egée et les îles de Samos, Lesvos, Kos, un flux incessant et croissant de clandestins espère ainsi mettre un pied en Europe. Depuis le début de l'année, 7 000 personnes ont été arrêtées. En 2007, les autorités ont recensés 18 000 clandestins, ce qui représente plus du double par rapport à 2005.
La Grèce est un point d'entrée en Europe de l'Ouest à l'instar d'autres pays du sud comme Malte, l'Espagne ou le Portugal. Les immigrés rejoignent ensuite généralement l'Allemagne, la France ou la Suède.
Renforcement des mesures de surveillance et de contrôle et aide européenne
Pour tenter d'endiguer ce flux d'immigration, le gouvernement a choisi de mettre en place une série de mesures comme le renforcement des dispositifs de surveillance et la mise en place de contrôles plus stricts. 37 nouveaux bateaux patrouilleront ainsi au large des côtes des îles de Kos, Rhodes, Symi, Mytilène. Ces mesures visent également à une meilleure coordination entre les différents ministères ainsi que la mise à disposition des ressources nationales commes les forces armées.
Par ailleurs, dans l'impossibilité de faire face, seule, à ce problème qu'elle considère comme européen, la Grèce se tourne vers l'UE, sollicitant aide financière et collaboration accrue. “La Grèce est un point stratégique en matière d'immigration car elle est à la fois un accès en Europe mais aussi à la zone de Schengen”. Le ministre de l'intérieur grec, Prokopis Pavlopoulos remarque d'ailleurs qu'il n'est pas juste que “les citoyens grecs via leurs impôts supportent seuls le coût d'un problème européen”.
Grèce et Turquie se renvoient la balle
Entre la Grèce et la Turquie, l'immigration apparaît comme un sujet de tension supplémentaire. Alors que la Grèce accuse son voisin de ne pas protéger suffisament ses fontières, brisant ainsi un accord bilatéral, la Turquie se plaint que la Grèce repousse les bateaux chargés de clandestins dans ses eaux, au péril de leurs vies. Il est cependant question de la mise en service d'un ligne de communication directe entre les gardes côtes des deux pays, permettant ainsi une meilleure coopération.
Conditions de détention des clandestins
Au début du mois, un garde côte a été arrêté pour avoir tué un clandestin en fuite dans le nord du pays. Ailleurs, un Afghan s'est plaint d'avoir été poignardé par les autorités portuaires.
Après investigations, des organisations en faveur des droits de l'Homme ont également rassemblé plusieurs plaintes d'immigrés sur la façon dont ils ont été traités par les autorités grecques à leur arrivée et pendant leur détention. Accusées également de mettre systématiquement en danger la vie des clandestins soit en repoussant les embarcations de fortune soit en formant de larges vagues susceptibles de les renverser, les autorités grecques démentent formellement et une enquête a été lancée par le gouvernement le mois dernier.
Au delà de la Grèce, c'est l'Europe qui est la cible des accusations des mouvements non gouvernementaux dénoncant la politique générale en matière d'immigration qui, selon eux, consiste plus à refouler les immigrés qu'à les protéger.
Source : Delphine MILLET PRIFTI (www.lepetitjournal.com – Athènes) mercredi 28 novembre 2007
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