Les Britanniques se crispent sur l'immigration
LE MONDE | 31.10.07
Gordon Brown est sur la défensive à propos de l'immigration et de l'intégration, devenues préoccupations numéro un des Britanniques, selon les sondages.
Distancé par l'opposition conservatrice, le Labour a pris des mesures restrictives. Mardi 30 octobre, le secrétaire d'Etat à l'immigration, Liam Byrne, a annoncé la prolongation de douze mois des restrictions imposées à l'arrivée des Roumains et des Bulgares. Il a fait part de son intention de lancer, en 2008, un système d'entrée "à points" à l'australienne pour attirer la main-d'oeuvre qualifiée et décourager les migrants non qualifiés. Une police des frontières devrait être créée pour améliorer la lutte contre les clandestins.
ERREURS STATISTIQUES
La tension est montée d'un cran quand le ministre de l'emploi et des retraites, Peter Hain, a admis, le 29 octobre, des erreurs dans les statistiques présentées au Parlement. Le nombre d'étrangers ayant acquis un emploi au Royaume-Uni depuis l'accession au pouvoir du Labour, en 1997, est de 1,1 million, et non pas de 800 000. La moitié provient de l'Union européenne (UE), essentiellement des nouveaux adhérents de l'Est ; l'autre moitié est issue surtout du Commonwealth, des Etats-Unis et du Canada. Surtout, selon le gouvernement, cette main-d'oeuvre venue d'ailleurs occupe, non pas 30 %, mais 52 % des emplois créés depuis dix ans, d'ailleurs revus à la baisse.
Ces statistiques viennent contredire les appels du Premier ministre, Gordon Brown, qui a promis, en septembre, lors du congrès de la confédération syndicale du TUC, de "créer des emplois britanniques pour le peuple britannique". Jusque-là très prudent sur l'immigration, jadis pomme de discorde au sein de la droite, le leader de l'opposition tory, David Cameron, s'est jeté dans la brèche et a réclamé l'instauration d'un plafond au nombre d'immigrants non européens.
L'organisme, qui regroupe les municipalités britanniques, a dénoncé le manque de moyens financiers consentis par l'Etat pour faire face aux besoins scolaires, de santé et de logement des migrants, pour l'essentiel venus de Pologne et des pays Baltes.
Enfin, l'Institut national de statistiques prédit une hausse de la population de 4,4 millions à 65 millions d'ici à 2016, en partie à cause des flux migratoires. Ce scénario renforce le mouvement anti-immigrés Migration Watch, qui voit dans cet afflux "un énorme défi aux infrastructures, aux services publics et en effet à la nature même de notre société".
Marc Roche
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