vendredi, septembre 28, 2007

Immigration: leçons d'Amérique, par un "exilé" français

Immigration: leçons d'Amérique, par un "exilé" français
Par Antoine Lesuffleur (chercheur) 23H51 27/09/2007



"J’ai suivi depuis les Etats-Unis le débat de "Ripostes" sur France 5 dimanche dernier. Je suis un chercheur français expatrié aux Etats-Unis car mon épouse, également chercheur, a eu le plus grand mal à s’intégrer en France après notre mariage. Elle était de nationalité ukrainienne. Nous nous sommes rencontrés dans un laboratoire en Suisse où nous travaillions tous les deux. Nous sommes donc bien loin du mariage de complaisance car mon épouse n’avait en rien besoin de se marier avec moi pour pouvoir émigrer à la vue de ses compétences professionnelles.

Nous avons souffert au niveau des démarches administratives (carte de séjour avec autorisation de travailler, carte de résident puis nationalité française). Parallèlement et suite à ce parcours du combattant mon épouse a recherché intensivement un emploi en France sans pouvoir jamais en obtenir un. Elle maîtrisait parfaitement la langue française six mois après son arrivée sur le territoire français.

Il nous est même arrivé des épisodes incroyables où on lui demandait plus de papiers qu’à moi pour obtenir une carte d’identité ou pour tout simplement s’inscrire sur les listes électorales ! J’ai personnellement été choqué par cette situation. Face à l’évidence, nous avons du prendre la décision déchirante (et j’insiste sur ce qualificatif) de nous expatrier pour que mon épouse puisse poursuivre sa carrière de chercheur.

De droite mais choqué par le débat sur l'immigration

Je me permets de vous écrire pour vous faire partager mon expérience personnelle qui est loin d’être singulière. Je vous écris aussi car je suis désespéré de voir combien le débat sur l’immigration est malsain en France. Pour être honnête avec vous, je suis plutôt de droite bien que modéré dans mes opinions politiques. Mais cette nouvelle loi sur "la maitrise de l’immigration" me choque profondément et je me suis retrouvé dans bon nombre de vos propos.

Contrairement à beaucoup de français qui parlent d’immigration, je suis passé par le système d’immigration français au travers du cas de mon épouse que j’ai géré personnellement. Je suis également aujourd’hui un immigrant aux Etats-Unis et je l’ai également été au Canada. Je suis d’accord avec le fait qu’il faille maitriser l’immigration à un certain point. A mon avis cela signifie le contrôle des flux mais aussi l’attractivité auprès des immigrants que nous désirons faire venir ainsi que le respect du droit des citoyens français qui se marient avec une personne de nationalité étrangère.

Or d’après mon expérience, il me semble que les compétences professionnelles ne sont jamais prises en compte et tout le monde est au même guichet si je peux me permettre cette formulation. De plus, je me suis senti comme un français différent car j’avais épousé une étrangère, comme si cela était une faute.

France-Etats-Unis, une comparaison défavorable

Je souhaiterais vous faire part d’une comparaison que je peux faire tous les jours entre les systèmes américain et français. Certains prétendent que les pressions migratoires en France et aux Etats-Unis sont différentes mais je ne suis pas de cet avis. La pression migratoire à la frontière mexicaine est très forte et il y a de nombreux immigrants illégaux aux Etats-Unis. Néanmoins, à travers mon expérience, j’ai constaté une très nette différence entre le système américain et le système français.

Nous sommes arrivés aux Etats-Unis avec une offre d’emploi à mon nom pour effectuer des travaux de recherches dans le domaine des nanotechnologies appliquées au biomédicale et mon épouse est donc entrée aux Etats-Unis avec un visa en tant que dépendante de travailleur temporaire. Elle fut à peu prés dans la même situation que lors de son arrivée en France à ceci près que mon statut en France était évidemment celui de citoyen français. Et c’est la que l’efficacité et le pragmatisme américains font toute la différence.

Tout d’abord pour l’obtention du visa, le consulat américain nous a posé quelques questions et nous a envoyé notre visa quelques jours après. En Ukraine, nous avons du relancé plusieurs fois pour obtenir le visa de mon épouse. Je suis resté plus de trois mois en Ukraine pour pouvoir faire les démarches administratives avant et après notre mariage.

Une fois sur le territoire américain, mon épouse a fait une demande d’autorisation de travail qu’elle a obtenu en 6 semaines. Au contraire, à son arrivée en France, mon épouse avait demandé une carte de sejour et une autorisation de travail qu’elle avait obtenues après six mois et suite à des relances multiples de ma part car manifestement, notre dossier avait été laissé au point mort. Certes, on lui a délivré un récépissé qu’il a fallu renouveler à cause des délais de délivrance pour la carte de séjour. Mais chercher un travail avec un récépissé valable quelques mois, cela ne fonctionne pas beaucoup dans notre profession.

Une fois que mon épouse a obtenu son autorisation de travailler aux Etats-Unis, elle a trouvé un travail de chercheur dans le département R&D d’une très grande entreprise américaine et cela après moins d’un mois de recherche d’emploi. En France, elle a intensivement cherché pendant deux ans sans résultat.

Une différence de mentalité

Je pense qu’il y a deux éléments qui font une très grande différence entre les Etats-Unis et la France à ce sujet. La première est l’organisation de l’immigration. Aux Etats-Unis, les officiers vont considérer l’apport de l’immigrant à l’économie nationale. Les démarches sont plus simples de mon point de vue et surtout, il y a beaucoup plus de visibilité sur l’état réel de notre demande.

La seconde concerne la mentalité. Une fois entrés aux Etats-Unis, nous avons été considérés et valorisés pour ce que nous sommes. Etre des immigrants ne constitue en aucun cas un désavantage dans notre vie professionnelle et quotidienne. Mon épouse et moi-même avons également travaillé au Canada pendant une année. A travers ces expériences de "chercheur immigrant", j'ai compris une chose.

La France souhaite attirer des travailleurs qualifiés mais elle ne sera pas attractive. Toutes ces politiques d'immigration sont très vite connues de tous les immigrants. Des immigrants comme moi et mon épouse ne s’intéressent pas en premier lieu à la gastronomie raffinée, aux musées mais à l'accueil qui nous recevons de la part des autorités du pays où nous immigrons, des possibilités qui nous serons offertes et de la façon dont nous serons traités. Or dans ces domaines, la France ne fait pas envie et j'ai pu le constater à travers de nombreux échanges que j'ai eu avec des étudiants et chercheurs chinois, indiens, coréens et de plusieurs autres parties du monde.

Arrogance française et méconnaissance

Cela fait partie a mon sens de l'arrogance française que de prétendre que les travailleurs qualifiés voudront tout de même venir en masse en France malgré les conditions dégradées que la France leur offre par rapport à l'Amérique du Nord, l'Australie ou certains pays d'Europe autant au niveau des salaires, de l'avenir de leurs enfants que de la simplicité et de la visibilité des procédures administratives.

Mais finalement, quand j'ai entendu certaines aberrations sur le plateau de Ripostes comme par exemple l'amalgame entre la population noire américaine et la population immigrée aux Etats-Unis, j'ai bien vite compris que la pluparts des français qui parlent d'immigration n'y connaissent rien et n'ont aucune expérience personnelle à ce sujet. L'immigrant américain a pour finalité de devenir un citoyen américain et je n'ai pas non plus compris la comparaison avec le système britannique.

Finalement vous avez la lourde tache d'élever le niveau de connaissance des français à ce sujet et je mesure combien votre travail est difficile. Pour ma part, l'immigration est devenue un de mes sujets favoris au travers du cas de mon épouse que j'ai trouve aberrant et de mes expériences d'immigrant. La comparaison des systèmes d'immigration me fascine et je suis stupéfait de la naïveté française à ce sujet.

Dans ma profession, l'échange culturel est très important car il nous oblige à penser différemment, à prendre les problèmes sous des angles inédits. Mes compétences et ma créativité scientifiques se sont approfondies au contact d'étudiants ou de chercheurs indiens, chinois, américains canadiens, coréens, nigérians...Cette richesse provenant du contact avec des personnes d'origines et d'horizons différents, je souhaite la faire partager autour de moi.

Mais je suis en colère à propos de la teneur du débat en France car je pense que les pays qui sauront le mieux composer et harmoniser l'immigration seront les champions de demain. J'ai beaucoup apprécie la lecture du livre du professeur Richard Florida "The flight of the creative class" qui évoque aussi tous ces sujets.

Enfin, je voudrais terminer cette lettre par une anecdote assez révélatrice. Quand mon épouse a passé son entretien d’embauche ici aux Etats-Unis, les recruteurs lui ont demandé pourquoi elle était restée sans travailler pendant deux années. Elle leur a alors raconté ses diverses démarches sans succès en France. Ils ont eu d’abord du mal à la croire et face à l’évidence et ils ont dit être surpris par ce mode de fonctionnement.

Pour nous, cela a été d’un profond réconfort car nous avons alors compris que nos déboires ne venaient pas de nous mais du système français. Excusez-moi d'avoir pris quelques minutes de votre temps mais je tenais tout d'abord à vous dire que des personnes comme vous ont a mon avis un travail très important et très difficile sur ce sujet. Je voulais aussi vous dire combien c'est rassurant d'entendre les propos d'un expert du sujet à propos de l'immigration dans un débat télévisé.

Je rêve d'un jour où la France comprendra les problématiques liées à l'immigration et ne traitera plus ce sujet de cette façon. J’aime certainement le pays qui m’a vu naître, la France mais je suis touché et j’apprends tous les jours à aimer un peu plus, un pays, les Etats-Unis d’Amérique, qui me donne une chance de pouvoir construire un avenir avec mon épouse et une famille. Nous ne parviendrons peut-être pas à rester aux Etats-Unis mais nous leur sommes reconnaissants de nous donner une chance réelle. Sur ce point, je pense que les Nord-Américains ont compris plus de choses que les Français."

jeudi, septembre 27, 2007

Trouver une issue au casse-tête des visas

En application de l'article 57 de la LOLF, M. Adrien Gouteyron, rapporteur spécial de la mission « Action extérieure de l'Etat », a procédé au contrôle sur pièces et sur place de l'administration des visas. La gestion des services des visas, pour leurs responsables et leurs agents, est devenue un « casse-tête ». Les consulats français peinent à répondre à la demande dans des délais satisfaisants. Ils font face dans certains pays à une fraude documentaire endémique. Les services des visas doivent donc se concentrer sur l'examen des dossiers en externalisant au secteur privé les tâches annexes. Un processus d'externalisation généralisé aux 30 consulats les plus importants est de nature à dégager des gains de productivité de l'ordre de 15 %. M. Adrien Gouteyron invite à l'émergence d'une culture de travail commune aux administrations responsables de la gestion des flux migratoires. Cela passe par la création d'un institut de formation consulaire et préfectoral, des échanges réguliers de personnels et des systèmes d'information rénovés. Des arbitrages en effectifs favorables aux services des visas s'imposent : le coût moyen de traitement d'une demande de visa est de 35 euros, tandis que le coût moyen d'une reconduite à la frontière d'une personne en situation irrégulière atteint 1.800 euros.

Rapport d'information n° 353 (2006-2007) de M. Adrien GOUTEYRON, fait au nom de la commission des finances, déposé le 27 juin 2007
Synthèse du rapport (208 Koctets)
Disponible au format Acrobat (507 Koctets)

AVANT-PROPOS : POURQUOI UN CONTRÔLE DE L'ADMINISTRATION DES VISAS ?

LES PRINCIPALES RECOMMANDATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL


CHAPITRE PREMIER : LA DEMANDE DE VISA, SIGNE D'UNE MOBILITÉ INTERNATIONALE ACCRUE

I. LA FRANCE EST UN PAYS OUVERT SUR L'EXTÉRIEUR

A. LES ENTRÉES SOUS CONDITION DE VISAS REPRÉSENTENT UNE FAIBLE PART DES ENTRÉES SUR LE TERRITOIRE FRANÇAIS
1. Le visa constitue l'exception pour entrer sur le territoire français
2. La proportion de visas refusés est globalement faible

B. UNE BAISSE RÉCENTE DE LA DEMANDE DE VISA QUI NE DOIT ÊTRE QUE CONJONCTURELLE
1. Une baisse récente de la demande de visas liée à des éléments conjoncturels
2. Sur longue période, une tendance à la hausse de la demande de visas

II. L'ACTIVITÉ « VISAS » N'EST PAS UN COÛT NET POUR LE BUDGET DE L'ETAT

A. LES COÛTS COMPLETS DE L'ACTIVITÉ « VISAS » APPARAISSENT MODÉRÉS
1. L'administration des visas : un effectif de 900 équivalents temps plein
2. Quel est le coût d'instruction d'une demande de visa ?

B. LES FRAIS DE DOSSIER PERMETTENT DE COUVRIR LES COÛTS DE L'ACTIVITÉ « VISAS »
1. L'augmentation récente des frais de dossiers
2. L'instruction de la demande de visas est autofinancée


CHAPITRE DEUX : UNE FIABILITÉ DE LA DECISION GLOBALEMENT SATISFAISANTE, UNE QUALITÉ DE SERVICE ENCORE PERFECTIBLE

I. L'ENJEU : UNE DÉCISION FIABLE ET ÉQUITABLE

A. LES SERVICES DES VISAS SE TROMPENT-ILS DANS LEURS DÉCISIONS ?
1. Le taux de personnes éloignées du territoire national ayant bénéficié d'un visa témoigne d'une fiabilité de la décision variable selon les postes
2. Des recours contenus contre les refus de visas, des annulations peu fréquentes

B. LES NOUVEAUX OUTILS AU SERVICE DE LA FIABILITÉ DE LA DÉCISION
1. Une biométrie en cours de déploiement
2. La « procédure retour » : un instrument que l'on doit laisser s'installer

II. LA QUALITÉ DE SERVICE PEUT ENCORE ÊTRE AMÉLIORÉE

A. LE DÉLAI DE TRAITEMENT DE LA DEMANDE DE VISA CONSTITUE AUJOURD'HUI UN POINT NOIR
1. La nécessaire introduction de tableaux de bord
2. Le dilemme d'un service des visas surmené : contingentement de la demande de visas ou rallongement des délais ?

B. LES AUTRES AMÉLIORATIONS SOUHAITABLES
1. Le nombre de visas de circulation reste trop limité
2. Une information plus satisfaisante


CHAPITRE III : LES TENSIONS AUTOUR DE L'ACTIVITE « VISAS » NÉCESSITENT UNE NOUVELLE CULTURE DE TRAVAIL

I. DES TENSIONS MAJEURES AUTOUR DE L'ACTIVITÉ « VISAS »

A. LA FRAUDE DOCUMENTAIRE, UN PHÉNOMÈNE ENDÉMIQUE
1. Une fraude documentaire aujourd'hui massive, mais perçue avec une certaine légèreté par certains services de l'Etat sur le territoire national
2. La vérification systématique des documents est particulièrement chronophage

B. LES PRESSIONS SUR LES CONSULATS SONT CONSIDÉRABLES
1. Les cas avérés de corruption sont fréquents autour de l'activité « visas »
2. La difficulté pour les consulats d'éviter les interventions

II. LA NÉCESSITE DE NOUVELLES CULTURES DE TRAVAIL

A. LES AMÉLIORATIONS INTERNES AU SERVICE DES VISAS
1. Parfaire la méthode : un recours accru aux entretiens est nécessaire
2. Améliorer les instruments existants : formation et informatique

B. UNE NÉCESSAIRE CULTURE DE TRAVAIL COMMUNE AUX ADMINISTRATIONS NATIONALES EN RELATION AVEC LES FLUX MIGRATOIRES
1. Une amélioration des relations de travail avec les préfectures qui reste à parfaire
2. Tous les services de l'Etat n'ont pas le réflexe d'une coopération utile avec les consulats : l'exemple de la dette hospitalière

C. L'ESPACE SCHENGEN AU QUOTIDIEN : UNE JUXTAPOSITION DE POLITIQUES NATIONALES D'ATTRIBUTION DE VISAS
1. Le taux de rejet des demandes de visas pour les ressortissants d'un même pays varie fortement selon les consulats européens
2. Une coopération entre consulats européens satisfaisante, mais perfectible, qui rend la perspective de consulats européens lointaine


CHAPITRE IV : COMMENT FRANCHIR UN NOUVEAU SAUT QUALITATIF SANS EFFECTIFS SUPPLEMENTAIRES ?

I. UNE EXTERNALISATION SOUHAITABLE DES TÂCHES ANNEXES, RENDUE INCONTOURNABLE PAR LE DÉVELOPPEMENT DE LA BIOMÉTRIE

A. UNE EXTERNALISATION SOUHAITABLE ET NECESSAIRE
1. L'externalisation est à la source d'une amélioration de service pour les demandeurs de visas
2. L'externalisation est incontournable pour affronter les fortes variations de la demande et la prise d'empreintes biométriques

B. L'APPARITION D'ACTEURS PRIVÉS IMPORTANTS DANS LE DOMAINE DES VISAS DOIT S'ACCOMPAGNER DE CERTAINES PRÉCAUTIONS
1. L'apparition d'acteurs privés importants dans l'externalisation d'une partie de la procédure « visas »
2. La généralisation nécessaire de l'externalisation exige une grande rigueur dans les relations contractuelles avec les sous-traitants

II. UN BESOIN EN EFFECTIFS CERTAIN, MAIS QUI RESTE À CHIFFRER

A. LES INSUFFISANCES DE LA JUSTIFICATION AU PREMIER EURO DES EFFECTIFS DES SERVICES DES VISAS
1. L'écart entre les effectifs des services des visas français et étrangers apparaît criant
2. Quels sont les besoins en effectifs ?

B. LA CRÉATION D'UNE MISSION « IMMIGRATION » DOIT PERMETTRE DE RÉALISER DES ARBITRAGES DANS LES EFFECTIFS
1. Un arbitrage qui doit être favorable aux services des visas
2. Comment déployer des effectifs dans les services des visas sans surcoût excessifs ?

CONCLUSION

EXAMEN EN COMMISSION

ANNEXE 1 : MODÈLE DE REFUS TYPE DE VISA PROPOSÉ PAR LA COMMISSION EUROPÉENNE DANS SON PROJET DE CODE COMMUNAUTAIRE DES VISAS LE 19 JUILLET 2006

ANNEXE 2 : REFUS TYPE DE VISA D'UN CONSULAT AMERICAIN

mercredi, septembre 26, 2007

Europe : les eurodéputés approuvent le projet de "carte bleue" pour immigrants qualifiés

Immigration: les eurodéputés approuvent le projet de "carte bleue" pour immigrants qualifiés

Associated Press

Les députés européens ont apporté mercredi leur soutien au projet de "carte bleue" européenne: un visa de travail destiné à attirer les travailleurs qualifiés des pays en développement afin de contrer les effets de la démographie vieillissante du continent.

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Ce projet, inspiré de la Carte verte américaine, sera présenté à la Commission européenne le 23 octobre. Le but étant d'attirer ingénieurs, spécialistes des nouvelles technologies et autres travailleurs qualifiés d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, qui choisissent actuellement de partir pour l'Amérique du Nord et l'Australie plutôt que vers l'Europe.

"L'idée est d'introduire une carte bleue européenne afin que les travailleurs qualifiés désirés dans un pays donné puissent, après un certain temps, se déplacer dans un autre pays de l'UE et avoir le droit de rentrer dans leur pays pour revenir en Europe s'ils le souhaitent", a expliqué mercredi le commissaire européen à la Justice et aux affaires intérieures, Franco Frattini, à l'origine du projet.

Le Parlement européen a adopté mercredi une résolution prévoyant également des propositions de la commission l'année prochaine visant à attirer des travailleurs saisonniers, notamment dans les secteurs de l'agriculture, du bâtiment et du tourisme.

Soulignant que le marché du travail de l'UE a besoin d'immigrants légaux pour compenser le vieillissement de la population active, les eurodéputés ont toutefois jugé qu'il devait revenir aux Etats membres de fixer leurs propres quotas de travailleurs qualifiés en fonction de leurs besoins. L'idée de quotas nationaux imposés par Bruxelles a été rejetée. AP

610 millions d'euros pour le Ministère de l'immigration, l'asile et l'intégration

610 millions d'euros pour l'immigration, l'asile et l'intégration
AFP

Le budget 2008 du ministère de l'Immigration prévoit une enveloppe de 610 millions d'euros en allouant principalement 195 millions à son programme "intégration et accès à la nationalité" et 414 millions à sa mission "immigration et asile".

Le périmètre du budget du nouveau ministère de l'Immigration correspond aux crédits d'accueil et d'intégration, aux crédits de fonctionnement des centres de rétention et de reconduite à la frontière, aux crédits relatifs à l'entrée et au séjour des étrangers, ainsi qu'à ceux finançant l'instruction du droit d'asile et l'accueil et l'hébergement des demandeurs d'asile, les moyens de fonctionnement des services de naturalisations et des visas à Nantes.

Ces différents crédits ayant, jusqu'à cette année, été affectés à différents ministères, il est difficile de faire des comparaisons avec les années précédentes.

Ainsi le programme "immigration et asile" --414 millions d'euros dont 18 millions de dépenses de personnel-- regroupe d'une part les emplois tranférés de plusieurs ministères en charge jusque là des différents aspects de la gestion des étrangers et d'autre part les crédits de fonctionnement de tous les aspects de l'asile ainsi que de la future administration centrale du ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement.

L'hébergement des demandeurs d'asile bénéficie d'une hausse de crédits de 6 millions d'euros, les interventions auprès des vieux migrants ainsi qu'en faveur de stagiaires étrangers de 8 millions.

Les subventions à l'OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) s'élèvent à 43 millions d'euros, soit une diminution de 2,5 millions par rapport à 2007.

67,1 millions sont affectés pour le fonctionnement des centres de rétention et organiser les procédures d'éloignement : 27,5 millions pour couvrir 2.433 places de rétention et 39,6 millions de dépenses de billetterie.

Le Moyen-Orient, nouvelle terre d’immigration

Le Moyen-Orient, nouvelle terre d’immigration

· Dubaï en tête pour les cerveaux, la Libye pour les manuels

· Les salaires et avantages offerts sont très alléchants

CES cinq dernières années ont vu apparaître une nouvelle tendance: une immigration massive aux EAU, et plus spécialement à Dubaï. Cet Emirat, un des endroits les plus prospères de la planète, attire de plus en plus de cadres étrangers, dont des Marocains. «Dubaï est le premier Emirat du Golf à avoir instauré le système des zones franches (ZF). Ceci a encouragé de nombreuses multinationales européennes et américaines, avec des besoins considérables de compétences et de qualifications, à venir s’y installer», affirme Mohamed Amine Zahr, jeune dirigeant d’une filiale de Delta Plus à Dubaï, multinationale spécialisée dans les équipements de protection individuelle. «Auparavant les entreprises avaient peur du système du sponsor national, qui s’approprie obligatoirement 51% des nouvelles créations. Les ZF constituent une dérogation à ce système», précise-il. D’après Zahr, par rapport aux autres nationalités, les Marocains sont très demandés à Dubaï. Ils sont trilingues, voire plus, dynamiques et bosseurs. «Actuellement, les étudiants marocains en Europe, qui à l’issue de leurs formations cherchent des opportunités d’emploi, sont envoyés dans des filiales au Moyen-Orient, notamment à Dubaï dans les ZF, pour des postes de responsabilité», fait remarquer Zahr. «Aujourd’hui les MRE qui dans un contexte de forte concurrence trouvent difficilement un emploi, s’orientent de plus en plus vers cette région», ajoute-t-il.
Et de plus, la tendance à l’immigration des cadres et personnes qualifiées à Dubaï n’en est qu’à ses débuts. Et pour cause, les avantages y fusent. D’après Zahr, la rémunération se fait sous forme de packages, comprenant un salaire de base variant de 20.000 DH à 200.000 DH, en plus de nombreux avantages: un logement, une voiture (carburant compris), des billets d’avion aller/retour, un téléphone portable avec abonnement et une assurance maladie. Certains packages comprennent même la prise en charge de la scolarité des enfants. La valeur du package peut aller, selon les contrats et les fonctions assurées, de 40.000 DH à 400.000 DH. Toutefois, ces avantages sont accordés selon les conditions d’émigration, affirme Bachir Hamdouch, consultant à la fondation Hassan II pour les MRE, et directeur d’une étude menée par l’observatoire de la fondation sur les Marocains du monde, à paraître vers la fin de cette année. D’après lui, ceux qui émigrent dans le cadre d’un contrat expatrié préétabli peuvent bénéficier de ces avantages. Par contre, ceux qui sont recrutés sur place, peuvent ne pas en bénéficier en totalité. De plus, ils dépendent largement de leur sponsor national. «Le système du sponsorship (Al Kafala) est valable dans la majorité des pays du Golfe. Les immigrants doivent nécessairement avoir un sponsor national qui garantit leur séjour et garde tous leurs papiers. Ce qui donne lieu, dans de nombreux cas, à des abus», affirme Hamdouch. «Dans certains cas, le sponsor pourrait interdire le territoire à l’immigré en ayant une autorisation du ministère de l’emploi», ajoute-t-il.
Néanmoins les avantages sont très attrayants et captent de plus en plus de «cerveaux». «Quand on parle au Maroc de Marocains résidant dans le Golfe, on pense immédiatement à ceux qui travaillent dans l’hôtellerie, la restauration, l’esthétique, ou pire dans les réseaux de prostitution», note Zahr. «Or, les choses sont en train de changer. Actuellement il y a de plus en plus de cadres, d’investisseurs, de banquiers et d’ingénieurs», ajoute-t-il. D’après lui l’image des Marocains dans cette région est très négative, de part et d’autre. Ceci est principalement dû au manque d’intérêt du Royaume et à sa faible présence dans la région. «Le Maroc ne fait pas beaucoup d’efforts d’information ou de promotion de son image dans ces pays. Alors qu’il y a beaucoup d’opportunités à saisir, et beaucoup de partenariats à développer», regrette Zahr. «Quand j’ai voulu renouveler mon passeport à l’ambassade du Maroc à Dubaï, les fonctionnaires n’ont pas cru que j’étais directeur comptable. Ils m’ont demandé de ramener mon DESS obtenu en France, de le traduire et le certifier au Maroc dans je ne sais quel ministère. J’ai fini par les laisser inscrire la fonction qu’ils voulaient. Ils ont mis comptable», raconte Hassan Fadili, actuellement directeur logistique chez Sanofi Aventis à Dubaï.
Rappelons qu’aujourd’hui les MRE sont un peu plus de trois millions, éparpillés aux quatre coins de la planète. Les plus nombreux, et aussi ceux qui transfèrent le plus de fonds vers le Royaume sont installés en Europe. Mais depuis quelques décades de nouvelles destinations concurrentes, notamment l’Amérique du Nord et le Moyen-Orient ont émergé. Il faut dire que plusieurs conventions d’immigration ont été signées avec plusieurs Etats arabes, dont l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis (EAU), la Jordanie, la Libye, le Qatar et l’Iraq. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le pays arabe qui accueille le plus de Marocains est la Libye. Selon les statistiques du ministère des Affaires étrangères de 2004, ce pays comptait 120.000 Marocains, suivi des EAU (plus de 30.000) et de l’Arabie Saoudite (près de 28.000). Et encore ce ne sont que les chiffres officiels concernant les migrants déclarés.
Dans les autres régions du monde, le Canada apparaît depuis près de 10 ans comme la destination la plus prisée d’Amérique du Nord. La migration vers les Etats-Unis est quant à elle en baisse depuis 2001. Dans les autres régions comme l’Afrique subsaharienne, les Marocains sont peu nombreux. Ils travaillent surtout dans le commerce, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Guinée. Ces autres Marocains du monde sont pratiquement dans l’ombre.

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Retourner au Maroc, pourquoi faire?



Beaucoup de jeunes cadres marocains à Dubaï n’envisagent pas de retourner au Maroc à court ou moyen terme. Pour la plupart, les opportunités offertes ne sont pas satisfaisantes, et la valorisation des compétences absente. «Je n’envisage pas actuellement de revenir au pays. Peut-être plus tard pour réaliser mon propre investissement», déclare Fadili. «Tous mes amis qui sont rentrés au Maroc l’ont regretté. Ils ont eu des salaires largement inférieurs à ceux qu’on leur avait promis. Les gens là-bas ne sont pas sérieux», souligne Othman El Ayadi, Trader chez HSBC Bank à Dubaï. «Actuellement je n’envisage pas de projets de carrière au Maroc. J’y ai déjà eu des entretiens, mais le résultat était décevant», déclare Zahr. «Un des grands groupes du pays m’avait proposé de gérer une agence avec près de 200 personnes. Mais le salaire offert ne dépassait pas les 8.000 DH», ironise-t-il. Hamdouch estime pour sa part que ces dernières années, l’on assiste à un reflux des MRE au Maroc. «Le Royaume offre désormais des opportunités qui n’existaient pas il y a 5 ou 6 années», affirme-t-il. «Les Marocains résidant au Moyen-Orient ne sont pas perdus pour le Maroc. Ne trouvant pas de repères là-bas, ils finissent tous par revenir, après avoir amassé de quoi faire des projets personnels», déclare-t-il. «Dans ces pays, près des 2/3 de la population sont des étrangers. Ils vivent pratiquement entre eux», ajoute Hamdouch.



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Secteurs et transferts



Même s’ils ne sont pas nombreux, Les MRE des pays arabes ont contribué en 2006, selon les statistiques de l’Office des Changes, à 6% de l’ensemble des transferts MRE. Les EAU suivis de l’Arabie Saoudite se taillent la part du lion dans ces transferts, avec plus de 60%. La part de la Libye, malgré son nombre élevé de Marocains, est négligeable. Ceci est dû au fait que la majorité des migrants sont des ouvriers dont le salaire est modeste. D’un autre côté ce pays impose des restrictions aux transferts de fonds. D’après une étude réalisée par l’observatoire de la Fondation Hassan II pour les MRE, à paraître fin 2007, les Marocains installés au Moyen-Orient s’illustrent principalement dans la musique et l’art. Les moins férus ont préféré l’hôtellerie/restauration et le commerce. La coiffure et l’esthétique sont suivies par l’administration (justice, sécurité, etc.). La catégorie la plus faible de migrants s’oriente vers les chantiers ou les travaux domestiques (EAU et Arabie Saoudite).

Ahlam NAZIH

mardi, septembre 25, 2007

USA : Les immigrants qualifiés marchent sur Washington

Les immigrants qualifiés marchent sur Washington
25/09/2007 - Moira Herbst - © BusinessWeek

Les avocats d’immigrants multiplient les demandes de cartes vertes, les entreprises technologiques souhaitent davantage de visas de travail. Les travailleurs immigrés manifestent dans la rue. Le débat ne fait que commencer.
Frustrés par l’immobilité de la réforme fédérale sur l’immigration, des milliers d’immigrés hautement qualifiés ont, le 18 septembre, défilé vers la capitale des Etats-Unis pour demander un changement radical de la manière dont ils sont traités par le pays. Les protestataires - des ingénieurs, développeurs de logiciels, programmeurs informatiques et autres - revendiquent un doublement du nombre de cartes vertes qui leurs sont attribuées chaque année, afin de pouvoir rester de manière permanente dans le pays.

Ils affirment que la liste d’attente pour les cartes vertes, qui peut atteindre cinq ans ou plus, nuit aux carrières et met des vies en suspens.
Les manifestations marquent un changement notable de stratégie. Début 2007, des groupes représentant des immigrants qualifiés et non qualifiés ont travaillé côte à côte dans le but de faire passer une réforme au Congrès. Aujourd’hui, les travailleurs qualifiés se détachent de l’ensemble en espérant ainsi se tenir à l’écart de la controverse sur le problème des 12 millions de travailleurs peu ou non qualifiés qui séjournent déjà illégalement dans le pays.
"Nous souhaitons donner une impulsion à la prise de conscience de ces problèmes et montrer qu’il est urgent qu’ils soient résolus", déclare Aman Kapoor, fondateur d’Immigration Voice, un groupe d’avocats, fer de lance du ralliement. "Avec des centaines de milliers de travailleurs dans l’attente, on assiste à un immense gaspillage de talents."

Que Kapoor et les autres pétitionnaires puissent faire progresser les choses, cela reste incertain. L’immigration est devenue un problème "radioactif" à Washington. Même si le président George W. Bush et un groupe bipartisan de sénateurs ont, cet été, soutenu de tout leurs poids la mise en place d’une réforme de l’immigration, l’effort est parti en fumée quand des groupes anti-immigrants ont exercé de fortes pressions sur certains hommes politiques du pays. Depuis, l’administration a adopté une attitude ferme face à l’immigration illégale, autorisant des raids sur les lieux de travail et mettant en place une répression programmée des employeurs qui engagent des travailleurs avec de faux numéros de Sécurité sociale.

Montée en puissance

Cependant, le groupe de Kapoor ne doit pas être sous-estimé. Immigration Voice est rapidement passée d’une petite communauté Internet, créée pour que les travailleurs qualifiés partagent idées et expériences, à une force politique bien organisée. Durant l’été, le groupe a programmé une série d’événements à l’image des protestations non violentes du Mahatma Gandhi, et a obtenu le changement d’une décision majeure sur le gel des visas prise par le Département d’Etat des Etats-Unis. Aujourd’hui, Kapoor et des membres haut placés sont en contact régulier avec les élus et les dirigeants d’agences gouvernementales comme le Homeland Security Department.

Immigration Voice, majoritairement indien, a organisé conjointement avec la Legal Immigrant Association le rassemblement du 18 septembre. La LLA, fondée au début de l’année, est un groupe de professionnels chinois détenteurs de diplômes américains de haut niveau. "Le marathon pour la carte verte épuise l’énergie et la créativité de personnes talentueuses", déclare Ming Jiang, un membre important de LLA. "Nous souhaitons changer nos vies, et nous le faisons à la manière américaine, à travers ce rassemblement."

Immigration Voice reçoit aussi le soutien d’entreprises technologiques majeures. Avant cette marche de rassemblement, une coalition de sociétés technologiques appelée Compete America s’est associée au représentant Joseph Crowley (démocrate, New York) et au représentant John Shadegg (républicain, Arizona) pour exposer leurs objectifs. Compete America, composé d’Oracle (ORCL), Google (GOOG), Microsoft (MSFT) et Intel (INTC), fera écho à l’appel d’Immigration Voice visant à mettre fin au retard des demandes de cartes vertes. "Nous avons besoin d’une politique d’immigration qui s’adapte à l’économie changeante et qui n’aide pas seulement à remplir des postes, mais qui accueille des innovateurs créant de l’emploi", déclare Robert Hoffman, porte-parole d’Oracle et coprésident de Compete America.

Augmenter le plafond

Kapoor déclare qu’aux Etats-Unis, la situation pour les immigrants qualifiés devient insoutenable, et qu’un changement spectaculaire est nécessaire. Des dizaines de milliers de travailleurs migrants entrent dans le pays chaque année avec des visas de travail temporaires, et nombreux sont ceux qui déposent une demande de carte verte. Mais la réglementation gouvernementale limite le nombre de personnes issues d’un pays étranger susceptibles d’être admises aux Etats-Unis à 9 800. Le résultat est que, pour des pays ayant une forte population comme l’Inde et la Chine, l’attente pour la résidence permanente aux Etats-Unis peut se prolonger jusqu’à huit ans. Pour aider à réduire l’attente, Immigration Voice demande au Congrès de faire passer le plafond annuel de cartes vertes de 140 000 à 300 000. Ils souhaitent aussi rendre disponibles 218 000 cartes vertes que le gouvernement n’a pas émises de 2001 à ce jour.

Cependant, l’objectif des travailleurs qualifiés et celui des entreprises technologiques ne convergent pas toujours. Le point majeur de divergence est que Compete America et Immigration Voice préconisent une augmentation du nombre de cartes vertes, tandis les compagnies technologiques demandent aussi au Congrès plus de visas temporaires de travail, connus sous le nom H-1B. Le programme du visa H-1B a été fortement critiqué, car il bloque les travailleurs immigrants dans les mêmes emplois le temps qu’ils obtiennent une autorisation de résidence permanente, et qu’il permet ainsi aux employeurs d’engager des travailleurs bon marché venus de l’étranger.

Certains experts estiment que la pression des sociétés pour un nombre plus élevé de visas pourrait occulter l’appel plus spécifique d’Immigration Voice sur le nombre de cartes vertes. "Le problème fondamental, avec ce débat politique, est que Compete America a essayé d’estomper les distinctions entre les H-1B et les cartes vertes", déclare Ron Hira, professeur en politique publique à l’Institut de technologie de Rochester. "Mais ces visas et les cartes vertes, ainsi que les questions politiques qui y sont liées, sont des problèmes très différents."

Trouver la bonne formule

Plusieurs élus importants ont fait part de leur soutien aux objectifs d’Immigration Voice. La représentante Zoe Lofgren (démocrate, Californie), présidente du sous-comité pour l’immigration à la Chambre, déclare que même si elle comprend que les visas H-1B ont un rôle, délivrer plus de cartes vertes est une meilleure solution. "Une dépendance excessive aux visas conduit certains travailleurs à être bloqués à leurs postes et à être sous-payés", déclare Lofgren, dont le district comprend la Silicon Valley. "Il y a certainement une meilleure manière de faire cela. Nous devons nous demander pourquoi nous faisons attendre des personnes auxquelles nous reconnaissons des capacités exceptionnelles."

Lofgren et ses collègues du Congrès travaillent sur une réforme de la législation. Ils doivent décider si la réponse adéquate est d’augmenter le nombre de cartes vertes, celui des visas ou une sorte de combinaison des deux. Mais ils travailleront sous la pression de groupes qui s’opposent à l’augmentation de l’immigration, incluant le Computer Programmers Guild, qui représente des travailleurs techniques natifs des Etats-Unis.

Même si la réforme en faveur des travailleurs qualifiés semble être une mesure législative de bon sens, un long et difficile débat sur une méthode correcte ne fait que commencer. "Nous cherchons un consensus politique pour avancer", déclare Lofgren. "Mais rien n’est jamais facile, même si cela donne l’impression du contraire."

Herbst est reporter chez BusinessWeek.com à New York.

Appels à la délation, pressions sur les préfets, les maires...

Appels à la délation, pressions sur les préfets, les maires : le ministère de l’Immigration sort les crocs

Source : Afrik.com

En France, les actions pour expulser les sans-papiers se multiplient au détriment de l’éthique

Le ministère de l’Immigration dirigé par Brice Hortefeux exerce des pressions de toutes sortes sur les fonctionnaires pour qu’ils traquent les clandestins et aident à grossir le nombre de reconduites à la frontière. Ainsi, la semaine dernière, 850 directeurs d’écoles du Haut-Rhin recevaient un courrier les encourageant à dénoncer des enfants en situation irrégulière scolarisés dans leurs établissements...

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mardi 25 septembre 2007, par Maral Amiri

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Au-delà du projet de loi sur l’immigration qui fait l’actualité de ces derniers jours, différentes mesures confirment le durcissement de la politique gouvernementale concernant les étrangers et plus largement, l’immigration en France. Depuis le mois de juillet, les opérations de reconduites à la frontière se sont multipliées. La 12 septembre, le ministre de l’Immigration, Brice Hortefeux, sommait les préfets d’agiter la menace de poursuites judiciaires envers les maires qui parrainent des sans-papiers. La semaine dernière, 850 directeurs d’écoles élémentaires ont reçu dans leur boîte mail un courrier électronique signé par l’inspection académique du Haut-Rhin. Il encourage les directeurs à se manifester s’ils comptent dans leurs classes des enfants en situation irrégulière. Autant de signes qui interviennent peu après que Brice Hortefeux a rappelé ses objectifs en matière de reconduite d’étrangers à la frontière, à savoir 25 000 pour l’année 2007.

Une « maladresse » qui rappelle de mauvais souvenirs

Une « maladresse » ? C’est ainsi qu’a qualifié Xavier Darcos, Ministre de l’Education, le mail envoyé par l’Inspection académique du Haut Rhin aux 850 directeurs d’écoles du département. L’erreur est humaine mais on a du mal à croire qu’un tel courrier a été envoyé par erreur… De plus, il soulève un certain nombre de questions éthiques. Depuis quand le personnel éducatif doit-il se substituer à la police ? Les établissements scolaires seraient-ils devenus une annexe du commissariat de police ou du Ministère de l’Intérieur ?

Face aux vives réactions qui ont suivi l’envoi du mail, un second courrier électronique leur a été expédié, précisant qu’il ne fallait pas tenir compte du premier, qu’il s’agissait d’une « erreur ». Xavier Darcos a convoqué, ce jeudi, l’Inspecteur d’Académie pour qu’il s’explique. Dans un communiqué, l’académie de Strasbourg a indiqué que ce courriel a été « malencontreusement » envoyé par « la division de la vie scolaire de l’inspection académique » afin de « répondre à une demande d’information émanant de la Fédération du conseil des parents d’élèves (FCPE) ». Démenti immédiat d’Isabelle Klem, présidente de la FCPE Haut-Rhin, qui a souligné que l’association était « membre du Réseau éducation sans frontières (RESF) ».

Un ministre de l’Immigration friand de menaces

Il n’y a pas que les chefs d’établissements qui ont été sollicités. Il y a deux semaines, Brice Hortefeux convoquait une vingtaine de « mauvais » préfets, à savoir ceux qui se situent en dessous des attentes ministérielles en matière d’expulsions de sans-papiers, afin de leurs rappeler les objectifs fixés. A leur tour, certains préfets, soucieux de satisfaire leur chef, ou ayant cédé à la pression gouvernementale, ont menacé de poursuites judiciaires les maires qui se hasarderaient à défendre les sans-papiers. Comme le prouve l’extrait de cette lettre adressée au maire de Clamart, Philippe Kaltenbach, que nous nous sommes procurée : « Il m’appartient de vous rappeler de façon solennelle qu’en distribuant ce type de documents ( attestation de parrainage ) vous contrevenez directement à la loi sur l’entrée et le séjour d’étrangers en France et que vous devenez pénalement responsable de ce délit comme le précise l’article L-622-1 », a écrit le préfet Pierre de Bousquet, avant de poursuivre « vous comprendrez donc que l’éventuelle réitération de la distribution de ce type de document me conduira à appliquer les dispositions du code de procédure pénale, à savoir à saisir le procureur de la République. ». Les sans-papiers deviendraient-ils une obsession pour un ministère qui n’a qu’une politique, celle du chiffre ?

Face à ces menaces, huit maires des Hauts-de-Seine ont adressé une lettre ouverte à Brice Hortefeux. Dans cette dernière, ils s’indignent des menaces proférées à leur encontre et rappellent qu’au delà d’une question de quotas, il s’agit bien d’êtres humains, chacun ayant son histoire et ses douleurs. « On pense que ce n’est pas une bonne chose de montrer du doigt les travailleurs immigrés », nous a expliqué le cabinet du maire de Bagneux, « les préfets n’ont pas à rappeler à l’ordre les maires, c’est inadmissible » a-t-il ajouté, précisant que la municipalité avait reçu de nombreux soutiens des habitants de la ville mais, par contre, aucun retour du Ministère de Brice Hortefeux.

La pression policière source de drames humains

Autant de faits qui mettent en lumière le durcissement de la politique française en matière d’immigration. Autant de signes qui montrent que « la France, Terre d’accueil » est en passe de devenir un slogan creux, à l’image de la situation d’Alfoussène, 9 ans. Ce petit malien risque d’être expulsé incessamment sous peu vers le Mali alors que personne ne pourra s’occuper de lui sur place. Il est arrivé mercredi dernier afin de retrouver ses parents, ses frères et sœurs, en situation régulière et qui vivent en France depuis 1998. Mais aujourd’hui il est en transit dans la zone d’attente internationale à Orly. Jeudi, une femme chinoise de 51 ans chutait du premier étage d’un immeuble parisien. Cette dernière, sans-papiers, ayant pris peur, suite à l’arrivée de la police, s’est volontairement défenestré. Elle est décédée lundi.

L’augmentation de la pression sur les services préfectoraux et policiers pour atteindre les quotas d’expulsion est source de dérives. Selon SOS Racisme, « le fait que se mette en place en France un climat délétère pousse malheureusement à de telles extrémités des personnes dont la précarité de vie les rend particulièrement sensibles à la pression ». Quels drames la France devra-t-elle encore vivre pour se rendre compte de la politique d’Immigration menée par le gouvernement n’est pas défendable ?

Les députés français serrent la vis

Immigration : les députés français serrent la vis
Source : Afrik.com

Le recours aux tests ADN pour le regroupement familial sera expérimenté pendant deux ans

L’Assemblée nationale française a adopté, jeudi, à l’aube, le projet de loi sur l’immigration. Le texte, qui doit passer devant le sénat, légalise notamment jusqu’au 31 décembre 2010 le recours controversé aux tests ADN dans le cadre du regroupement familial. D’autres mesures durcissant le rapprochement des familles ont par ailleurs été votées.



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jeudi 20 septembre 2007, par Habibou Bangré

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4h20. Voici l’heure à laquelle l’Assemblée nationale française a adopté, jeudi, le projet de loi sur l’immigration du ministre Brice Hortefeux. Parmi les mesures votées, qui doivent passer au Sénat, deux sont controversées. L’une permet le recensement des origines raciales ou ethniques à des fins de recherches sur « la mesure de la diversité des origines des personnes, de la discrimination et de l’intégration ». L’autre instaure l’utilisation de tests ADN pour justifier la filiation d’une personne qu’un résident en France souhaite faire venir - une proposition qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours.

Test volontaire sur « consentement express »

L’amendement sur l’ADN du député Thierry Mariani (UMP) a été voté dans une version modifiée pour apaiser les vives tensions qu’il a suscitées. Le recours à l’examen génétique sera expérimenté jusqu’au 31 décembre 2010 et une commission d’évaluation sera chargée d’étudier « annuellement les conditions de [sa] mise en œuvre ». L’amendement indique que le test se fera sur « consentement express » du demandeur, qui sera remboursé en cas de délivrance du visa. Un remboursement que ne prévoyait pas le texte de Thierry Mariani.

Les modalités d’application seront fixées par décret. Il est d’ores et déjà question que le recours ne soit valable que dans les pays « dans lequel l’état civil présente des carences », « en cas d’inexistence de l’acte d’état civil » ou d’un « doute sérieux » sur l’authenticité du document. Restera à définir la liste des Etats rentrant dans l’une de ces catégories, ainsi que « les conditions dans lesquelles [seront] habilitées les personnes autorisées à procéder à ces examens ».

Levée de boucliers

Malgré les quatre sous-amendements ajoutés pour mieux faire passer la pilule, les réactions hostiles commencent à fleurir. La députée socialiste George Pau-Langevin a déclaré à Reuters que l’amendement de Thierry Mariani était « gravement entaché constitutionnellement. C’est une mauvaise action. Nous le déférerons au conseil constitutionnel ». Le communiste Patrick Braouezec a quant à lui indiqué qu’avec « ce texte vous allez imposer un modèle basé sur l’exclusion ».

Au sein même du gouvernement, Martin Hirsch a déclaré à RTL : « Je ne suis pas favorable à cette idée et je compte sur le Sénat (...) pour ne pas s’engager dans cette voie ». Le Haut commissaire aux solidarités actives devient ainsi le troisième ministre de « l’ouverture » à émettre des réserves sur le texte, après le ministre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner, et la secrétaire d’Etat chargée de la politique de la Ville, Fadela Amara.

Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) dénonce pour sa part un « poids et un affront à l’endroit de tous ceux et toutes celles pour qui l’éthique, la morale, le respect des droits fondamentaux doivent en toute circonstance prévaloir sur l’acharnement contre les immigrés et l’obsession de les désigner comme un objet jetable et corvéable, et non comme un sujet de droit et de dignité ».

Durcissement du regroupement familial

D’autres amendements concernant le regroupement familial étaient aussi au programme dans l’hémicycle. Toute personne de plus de 16 ans et de moins de 65 ans, y compris les conjoints de Français, souhaitant venir dans l’Hexagone dans ce cadre, devra passer « une évaluation de son degré de connaissance de la langue et des valeurs de la République ». En cas d’échec, elle aura l’obligation de suivre une formation, gratuite, car l’obtention du visa sera conditionnée par une « attestation de suivi de cette formation ».

Quant aux hôtes, ils devront justifier de ressources « au moins, égales » au SMIC et « au plus, égales à ce salaire majoré d’un cinquième ». Pour le regroupement de foyers de « six personnes ou plus », les revenus devront atteindre 1,33 fois le SMIC. A charge également pour les accueillants de conclure « avec l’Etat un contrat d’accueil et d’intégration, par lequel ils s’obligent à suivre une formation sur les droits et les devoirs des parents en France ». En cas de rupture de cet accord, le versement des allocations familiales pourrait être suspendu.

Régularisations « à titre exceptionnel »

A noter que, concernant le droit d’asile, les demandeurs déboutés auront 15 jours, contre un mois actuellement, pour faire appel devant la Commission de recours des réfugiés. L’Office français des réfugiés et apatrides (Ofpra) dépendra désormais du ministère de l’Immigration et non plus de celui des Affaires Etrangères.

Par ailleurs, les immigrés ayant un statut de résident depuis plus de dix ans recevront une carte de résident illimitée en lieu et place de la carte de dix ans. Les travailleurs immigrés exerçant dans des professions ou des zones où le recrutement est ardu seront de leur côté régularisés « à titre exceptionnel ».

lundi, septembre 24, 2007

Point de vue : L'immigration, ultime tabou

L'immigration, ultime tabou

Par Ivan Rioufol
irioufol@lefigaro.fr.
Le bloc-notes d'Ivan Rioufol, Le Figaro du 21 septembre 2007


Cessons de nous mentir : l'immigration n'est plus une chance pour la France quand elle conduit au décrochage de l'école, à l'exclusion des déshérités, aux violences ethniques, à un communautarisme islamisé, à la fracture identitaire. Or, si chacun de ces effets commence à attirer l'attention du pouvoir - Christine Boutin a promis lundi de lancer 500 000 logements par an -, il reste périlleux, pour qui tient à son blason, de vouloir freiner l'emballement de ces phénomènes. L'ultime tabou n'est pas tombé.


Le refus de voir sert d'échappatoire. Il permet, cette semaine, d'étaler ses vertus en critiquant le projet visant à réduire le regroupement familial. Le recours aux tests ADN pour confirmer des filiations, pratiqué par douze pays voisins, inspire des postures avantageuses, y compris au sein du gouvernement : pour Fadela Amara, « cela jette l'opprobre sur les étrangers qui veulent venir chez nous ». Faut-il donc baisser les bras, y compris face à la fraude ?


Ces exercices de style masquent des hypocrisies. Les moralistes s'indignent d'un quota d'expulsion de clandestins, mais chuchotent que la France ne peut accueillir tous les miséreux. Les immigrationnistes ne jurent que par le métissage culturel, mais se gardent d'envoyer leurs enfants dans les lycées sinistrés. Les commentateurs en appellent au co-développement, mais n'ignorent rien des ambiguïtés de ce paternalisme néocolonial.


Même l'État reste lié par ces conformismes. Alors que la France est en droit d'exiger, de ceux qui veulent la rejoindre, un engagement sur des obligations impérieuses, le contrat d'accueil et d'intégration se contente d'un minimum d'exigences, vaguement évaluées. La maîtrise du français - la moindre des choses - se satisfait de 500 mots. Quant à la politique défendue par Brice Hortefeux, qui veut développer une immigration de travail, elle semble incongrue dans un pays fortement touché par le chômage.

En fait, si les sondés ne se font pas prier pour dire que l'immigration de masse est un risque pour l'harmonie de la nation, le gouvernement s'interdit d'aller au bout de la réflexion. Il est vrai qu'elle l'obligerait à admettre que la France ne sait pas accueillir des peuples extra-européens qui, chaque année, viennent par milliers grossir des ghettos et repousser les perspectives de leur intégration. Oui, il faudrait une pause. Le mot reste interdit par les gendarmes de la pensée. Mais pourquoi les craindre encore ?

Sortir du flou

Le flou entretenu autour des chiffres de l'immigration n'aide pas à clarifier le débat. La sous-estimation tient lieu de règle. Cherchant à dédramatiser les faits, la communication officielle en vient à désinformer. Un exemple : l'Insee a soutenu que le solde migratoire (les entrées, moins les sorties) de 2003 était en recul, avec seulement 57 000 personnes : une donnée reprise à l'époque par les médias, en dépit des dénégations de démographes estimant à 200 000 et plus les immigrés s'installant chaque année, clandestins non compris. Personne n'a jamais demandé d'explications pour cette « erreur », reconnue depuis, qui fait dire que « la France n'est pas un pays d'immigration massive ».


Les clandestins, eux, sont estimés entre 200 000 et 400 000 par le gouvernement. Mais selon l'ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, les seuls Algériens en situation irrégulière seraient 350 000. Dimanche, sur RTL, Bernard Kouchner a déclaré : « C'est vers notre pays que se dirige la majorité des illégaux qui entrent en Europe. » Le chiffre de 100 000 par an était admis, pour les années 2000. Même s'il a éventuellement baissé depuis, l'objectif de 25 000 reconduites pour 2007 paraît modeste en regard des entrées présumées.


La France, qui ouvre enfin les yeux, ne peut continuer à vivre dans ce monde fictif, en laissant à l'Insee le soin d'« inventer » un solde migratoire conforme à ses attentes. « Inventer » : le terme est employé par la démographe Michèle Tribalat, qui note (dans la revue Diversité, juin 2007) : « La statistique publique doit aujourd'hui faire preuve de courage. » Pour elle, « nous sommes sans aucune boussole ». Un dérèglement qui permet toutes les manipulations, de part et d'autre.

Anachronisme

Cet accommodement pour les faux-semblants est d'autant plus anachronique que Nicolas Sarkozy s'est engagé à dire la vérité aux gens et à défendre l'identité française. Or, si aucune mesure efficace n'est prise pour freiner significativement l'immigration durable et pour garantir le respect de la culture d'accueil, le séparatisme culturel qui s'observe ici et là, y compris désormais dans certains quartiers de Paris, risque de s'étendre et de se consolider au fil des décennies. Entre l'assèchement nationaliste et l'effacement mondialiste, il y a place pour une politique soucieuse de préserver la fragile unité du pays.


« Nous allons aller au-devant des désirs des Français en accélérant le rythme des réformes », a déclaré mercredi le premier ministre devant les parlementaires UMP. François Fillon parlait du nouveau contrat social proposé, mardi, par le président. De fait, une refondation sociale et économique se profile, qui tire profit d'une liberté de pensée encore inconcevable il y a un an. Cependant, l'État ne s'est pas encore totalement dégagé du pharisaïsme des belles âmes, qui se flattent de ne pas écouter le peuple inquiet. Ce serait une facilité de croire qu'une relance économique suffirait à résoudre les problèmes d'intégration. Le plein-emploi britannique n'empêche pas la fracture des communautés ethniques.

Question de rythme

Le plus pressé des deux ? Paradoxalement, c'est moins le survolté Nicolas Sarkozy que le placide François Fillon. Apparemment, les deux hommes ne marchent pas au même rythme

Deux visions du droit d'asile...

Deux visions du droit d'asile :

- L'une issue d'un rapport d'information du Sénat intitulé : "L'OFPRA : impératif de performance administrative et exigences du droit d'asile"

- L'autre issue du rapport 2007 de l'association "Forum Réfugiés", intitulé "L'asile en France et en Europe, Etat des lieux 2007 : Il faut renouer avec l'impératif de protection"


A vous d'alimenter en chiffres vos positions...

Point de vue Trois conditions pour moderniser notre politique de l'immigration

Trois conditions pour moderniser notre politique de l'immigration.
Source : Le Figaro, 20 septembre 2007

Par Adrien Gouteyron, sénateur de la Haute-Loire, vice-président du Sénat, auteur pour la commission des finances du Sénat de deux rapports récents, l'un sur l'administration des visas, l'autre sur la gestion des demandes d'asile.


Le Parlement examine en session extraordinaire le projet de loi relatif à la maîtrise de l'immigration. Au-delà du toilettage des textes, il convient de se pencher sur les conditions indispensables à la modernisation de notre politique de l'immigration. On peut se demander si, dans le passé, une telle politique a existé, faute d'outils cohérents pour mettre en oeuvre une réelle gestion des flux migratoires. Le gouvernement doit relever trois défis : créer une véritable administration de l'immigration, doter son ministère d'un vrai budget, simplifier les formalités administratives qui constituent un casse-tête pour les visiteurs étrangers.


Brice Hortefeux a hérité dans son portefeuille ministériel de services épars, aux cultures de travail différentes, parfois antagonistes, aux relations empreintes de méfiance, qui doivent désormais faire preuve de davantage de cohérence. En matière de regroupement familial, il est frappant de constater les divergences de vues entre les administrations travaillant sur le sol national, et les consulats, à l'étranger, plus concernés, à juste titre, par la fraude à l'état civil. Au Congo-Brazzaville par exemple, j'ai relevé un nombre significatif de décisions favorables de regroupement familial, notifiées aux demandeurs par les préfectures, alors que le consulat avait établi, vérifications à l'appui, que les liens de filiation étaient faux.


Le travail des administrations autour de l'immigration économique n'est pas plus satisfaisant. Il est frappant que nos entreprises, implantées en Afrique ou en Asie, aient autant de difficultés à faire venir leurs collaborateurs en détachement en France, alors qu'il s'agit d'employés qualifiés. Dans le même temps, il apparaît plus simple à un ressortissant turc résidant en France de faire venir un membre de sa famille pour travailler dans son entreprise de bâtiment ou de restauration rapide, au motif que la maîtrise de la langue turque est un impératif et que cette compétence n'existe pas sur notre sol !


L'émergence d'une culture de travail commune aux administrations responsables de la gestion des flux migratoires constitue une priorité. Il n'y a qu'un seul État, porteur d'une seule politique de l'immigration. Une telle politique se construit avec un budget. À l'automne, le Parlement examinera un budget de l'immigration parcellaire, ne regroupant qu'une maigre partie des crédits consacrés à la politique de l'immigration. Ainsi, les services des visas et les services des étrangers des préfectures n'y figureront pas. Comment procéder à des redéploiements de moyens dans ces conditions ? Il convient d'avoir à l'esprit le coût d'instruction d'une demande de visa, 35 euros, à comparer avec le coût d'éloignement d'une personne en situation irrégulière, 1 800 euros.


Un vaste chantier de simplification des formalités administratives reste à engager. Il s'agit là d'une exigence de service public. Les visiteurs étrangers ne comprennent pas les méandres administratifs des consulats et des préfectures. Comment imaginer développer une immigration économique de qualité si les travailleurs étrangers doivent accomplir, après le parcours du combattant de la demande de visa, le marathon de l'instruction du titre de séjour ? Comment comprendre qu'une décision favorable de regroupement familial ne donne pas lieu à attribution d'un visa ?


Tout se passe comme si nos administrations étaient incapables de se faire confiance et gardaient une possibilité de déjuger la décision des autres services. En matière d'immigration économique, il devient urgent de créer un titre unique, un visa valant également carte de séjour, et de toiletter la « carte compétences et talents ». Pour les étudiants, pourquoi les centres des études en France des consulats ne seraient-ils pas compétents à la fois en matière de visa et de titre de séjour ? Il faut songer à un guichet unique pour les visiteurs étrangers. L'attractivité de notre pays tout comme la rigueur dans la gestion des flux migratoires sont à ce prix.

mardi, septembre 04, 2007

Suisse : L'immigration au service de la croissance

L'immigration au service de la croissance

Immigration ou importation du capital humain ?

Avec la progression de la mondialisation, l’offre de travail globale est en nette hausse, ce dont profite la Suisse, notamment grâce à l’immigration: la pénurie de main-d’œuvre et les pressions salariales sont moins marquées, le chômage structurel baisse, la productivité et le potentiel de croissance augmentent.

Avec la progression de la mondialisation, on assiste à une interpénétration toujours plus grande des marchés nationaux de l’emploi et à une forte augmentation de l’offre de travail globale. La Suisse profite elle aussi de cette ouverture des marchés, qui, par le biais de la hausse de l’immigration, devrait avoir un impact globalement positif sur l’économie nationale. Il faut dire que la politique helvétique d'immigration - notamment via la mise en œuvre de l’accord sur la libre circulation des personnes - a désormais pris un tour plus libéral: les barrières d’entrée sur le marché suisse du travail ont été levées, ou vont l’être d’ici peu, pour les ressortissants de l’UE/AELE.

La majorité des migrants viennent de l’UE

La politique suisse en matière d’immigration s’articule autour de deux axes: la libre circulation des ressortissants de l’UE/AELE et une immigration limitée, reposant sur une sélection active, des personnes non ressortissantes de l’UE/AELE. Cette dernière sera d’ailleurs régie à compter de début 2008 par la nouvelle Loi sur les étrangers. La majorité des migrants sont toutefois issus de l’UE/AELE. Importante à ce titre, la mise en application de la libre circulation des personnes se fait de manière échelonnée et se trouve déjà à un stade avancé pour ce qui est des "anciens" Etats membres de l’UE, des deux "nouveaux" que sont Malte et Chypre et des membres de l’AELE (UE-17/AELE). Les citoyens suisses bénéficient ainsi depuis le 1er juin 2004 d’une liberté totale de circulation dans l’UE (à quelques exceptions près: Bulgarie, Hongrie, Roumanie, Slovénie), tandis qu’à l’inverse la Suisse autorise la libre circulation des ressortissants du groupe UE-17/AELE depuis le 1er juin 2007. Les travailleurs et non-travailleurs (par exemple les retraités ou les étudiants) disposant de moyens financiers suffisants ont depuis lors droit à un titre de séjour. Pour les ressortissants des pays d’Europe de l’Est entrés dans l’Union en 2004, des restrictions à l'immigration seront néanmoins maintenues jusqu'en 2011. Aucun accord de libre circulation des personnes n’a jusqu’ici été signé avec la Bulgarie et la Roumanie dans la mesure où les négociations viennent d’être entamées. Il faut également savoir que la libre circulation n'est introduite qu'à l’essai, du moins dans un premier temps. Si les flux migratoires s'avèrent trop importants, la Suisse pourra réimposer des contingents à partir de 2008 pour les pays membres du groupe UE-17/AELE. Et, en 2009, le Parlement et, le cas échéant, le peuple seront appelés à se prononcer sur la suite à donner aux accords de libre circulation des personnes.

Malgré de nombreuses dispositions transitoires, la Suisse renonce dans le cadre de la totale liberté de circulation des personnes à sa propre marge de manœuvre pour devenir membre d’un marché paneuropéen de l’emploi. Cette libéralisation de l’accès au marché aura un impact incontestable sur l'économie.

Pas d’éviction de travailleurs suisses
Quoi qu’en disent les pessimistes, l’immigration a des effets positifs sur l’économie suisse.

L’arrivée de travailleurs qualifiés réduit en effet la pénurie de main-d’œuvre apparue dans le sillage de l’essor économique actuel et qui pèse sur la production. Il suffit de jeter un œil sur l’évolution de l’emploi dans les secteurs marqués par une forte immigration pour se rendre compte qu’aucune éviction de travailleurs suisses n’est à noter.

On assiste en outre à une modération des prétentions salariales, d’une part du fait de la résorption des goulots d’étranglement et d’autre part en raison de la réduction progressive du pouvoir de négociation des syndicats dans le cadre des pourparlers salariaux. L’arrivée de nouveaux travailleurs agit en effet sur les paramètres régissant le pouvoir de négociation en ce que la proportion de personnes syndiquées rapportée à l’ensemble de la population active et le taux de centralisation diminuent alors même que la concurrence (potentielle) pour les postes de travail s’intensifie.

La Suisse importe du capital humain
A moyen et long termes, l’amélioration du niveau de qualification de la main-d’œuvre suisse se traduira par une augmentation de la productivité du travail. Car, à côté du stock de capital réel et du progrès technologique, le capital humain est le principal facteur de hausse de la productivité. Or les flux migratoires ont pour conséquence une amélioration de ce capital humain, donc de la productivité. En Suisse, cette évolution est déjà en marche: depuis l’entrée en vigueur de l’accord sur la libre circulation des personnes, le niveau de formation des nouveaux arrivants ne cesse de progresser, si bien que le pays bénéficie d’un "afflux de cerveaux".

Parallèlement, le chômage structurel devrait avoir tendance à reculer. L’arrivée de plus en plus importante de travailleurs bien formés va apporter une solution au problème de la pénurie de main-d’œuvre et ainsi accroître l’efficacité du marché de l’emploi. L’adéquation entre les qualifications demandées et proposées va s’en trouver renforcée tandis que les syndicats vont perdre de leur pouvoir de négociation, ce qui se traduira au final par une tendance à la réduction du chômage structurel.

L’ouverture des frontières stimule la croissance
Les effets positifs de l’immigration ne se limitent pas pour autant au seul marché du travail, mais concernent l’économie toute entière. Car, en ouvrant le marché helvétique de l’emploi et en facilitant l’arrivée d’une main-d’œuvre qualifiée, l’accord sur la libre circulation des personnes permet une hausse de la productivité. Quant à l’augmentation du volume de travail, elle résulte avant tout du recul qui se dessine sur le front du chômage structurel - reflet du taux d’occupation - et d’une augmentation de la proportion de personnes actives et du nombre de personnes en âge de travailler, le tout étant synonyme d’une progression du potentiel de croissance.


La chaîne causale ci-dessous illustre l’impact positif de l’immigration sur l’économie suisse. En cas de refroidissement conjoncturel, il faut s’attendre à une remontée temporaire du taux de chômage dans la mesure où la sédentarité des travailleurs étrangers risque de se faire sentir plus fortement qu’au cours des récessions précédentes. Mais si les avantages liés à une nouvelle émigration se révèlent supérieurs aux coûts qu'elle implique, une partie de ces travailleurs pourraient repartir. Ce devrait notamment être le cas des étrangers les plus qualifiés, qui s’efforcent de rentabiliser au mieux leurs longues études. La guerre ainsi ouverte sur le front des talents agit donc comme un mécanisme auto-assainissant du marché.