Marie-Christine Tabet, Le Figaro
[29 novembre 2005]
AU FIL des mois, les idées de Dominique de Villepin et de Nicolas Sarkozy sur l'immigration se sont rapprochées. Immigration choisie, lutte contre les fraudes, coup de frein aux arrivées d'étrangers pour raisons familiales sont des objectifs affichés avec autant d'énergie par le numéro un et le numéro deux du gouvernement. A tel point qu'aujourd'hui les équipes du premier ministre et celles du ministre de l'Intérieur ferraillent davantage pour rendre à leur champion la paternité des projets que pour faire valoir leurs différences.
Le Comité interministériel de contrôle de l'immigration (Cici), qui se tient ce matin à Matignon, en est la meilleure illustration. Au terme d'une réunion interministérielle, Dominique de Villepin, en présence de dix ministres dont Nicolas Sarkozy, va présenter les principaux chantiers législatifs du gouvernement pour le premier semestre de 2006. Au menu de ce troisième Cici, deux morceaux de choix : un projet de loi préparé par le garde des Sceaux sur les mariages célébrés à l'étranger et leur transcription en droit français et les nouvelles modalités de sélection des étudiants étrangers. Sur les quelque 170 000 étrangers qui s'installent légalement en France chaque année, en 2004, 44 000 ont obtenu ce droit parce qu'ils avaient épousé un résident français. Au fil des ans, le mariage est devenu la première cause d'immigration. La maîtrise des flux étudiants est tout aussi importante pour un gouvernement qui veut mettre à son crédit la maîtrise des flux migratoires. Quelque 200 000 étudiants étrangers – dont les trois quarts viennent des frontières extérieures de l'Europe – fréquentent les universités françaises... et ne repartent pas toujours à l'issue de leurs études. Ces deux dispositifs devraient faire l'objet d'un projet de loi.
Au fil des mois, Nicolas Sarkozy a déjà éventé ces «annonces». Il y a quelques jours à l'Assemblée, ses conseillers confiaient aux députés de la majorité les intentions du ministre d'Etat de réviser la loi sur le regroupement familial, révélant au passage les détails du projet de Pascal Clément sur le mariage. Le 4 novembre, à Nice, devant un parterre de chefs d'entreprise, le patron de la Place Beauvau avait largement dévoilé les règles en préparation pour les étudiants. «Je souhaite d'abord que nous accordions des visas de long séjour pour études à des étudiants que nous choisissons, avait-il déclaré à l'époque. L'étudiant qui aura été choisi dans son pays sera dispensé, une fois arrivé en France, de se présenter en préfecture (...). Par ailleurs, il serait utile (...) d'ouvrir plus largement la possibilité à des étudiants formés sur notre territoire d'y rester travailler quelque temps.»
Des étudiants choisis
A Matignon, on se contente de rappeler, communiqué de presse à l'appui, que le programme des différents comités interministériels a été annoncé dès le 10 juin, quelques jours seulement après la formation du gouvernement. Place Beauvau, on rétorque que c'est le 9 juin, lors de la convention sur l'immigration de l'UMP que sont réellement nées les «bonnes idées» détaillées aujourd'hui.
Cette course aux «bonnes idées» devrait se poursuivre puisque le premier ministre doit donner aujourd'hui le programme des comités ultérieurs. Or le prochain, prévu dès le mois de juillet 2006, sera piloté par Nicolas Sarkozy. Il abordera la question du regroupement familial. «Nous reviendrons d'ailleurs sur le mariage car le sujet n'est pas clos. Il faut également revenir sur les unions conclues avec des étrangers en situation irrégulière», explique un proche du ministre de l'Inté rieur. Mais Nicolas Sarkozy n'aura pas à attendre aussi longtemps pour faire entendre sa voix. Il est invité ce soir par les sénateurs pour une audition publique de la commission sur l'immigration clandestine.
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