samedi, août 11, 2007

La justice remet en liberté la plupart des sans-papiers lillois placés en rétention

"Ce que la police fait la justice défait"... aurait pu être le titre de cet article.

En tous cas, on ne pourra pas dire que la France n'est pas un Etat de droit.

Pour preuve, cet article.

La justice remet en liberté la plupart des sans-papiers lillois placés en rétention
LE MONDE | 06.08.07
LILLE CORRESPONDANT


Soixante-trois des quatre-vingt-six sans-papiers lillois placés en centres de rétention administratifs (CRA), après leur arrestation le 1er août, ont été remis en liberté par les juges des libertés et de la détention, à l'issue des audiences qui se sont tenues tout le week-end. Leur arrestation était intervenue après la décision du préfet du Nord, Daniel Canepa, de faire évacuer la Bourse du travail de Lille, siège d'un mouvement de grève de la faim.
Les décisions de remises en liberté prises ce week-end constituent un revers pour le préfet qui souhaitait obtenir de la justice la prolongation de la rétention de plus de 70 étrangers dépourvus de titres de séjour, afin de préparer leur expulsion du territoire. Cette prolongation est obligatoire après les quarante-huit premières heures de rétention.

La justice a rejeté pratiquement tous les dossiers, pour vice de procédure. Les magistrats ont motivé leurs annulations par des irrégularités et des lacunes dans les procédures d'interpellation ou de garde à vue : absences de signatures, documents illisibles, imprécisions sur les horaires de mise en garde à vue, confusions sur les motifs d'interpellation.

"BALLOTTÉS"

Vendredi soir, le préfet annonçait qu'il ne ferait pas appel des décisions. Avant de parler de "non-événement". De son côté, le Comité des sans-papiers du Nord (CSP 59), s'attend à une évolution de la situation dès cette semaine. "A Lille, il ne reste plus aucun gréviste de la faim en centre de rétention. Ces derniers poursuivent leur mouvement, et, trois d'entre eux affichent un état d'hypokaliémie" (taux de potassium trop faible dans le sang), assure Saïd Bouamama, l'un des leaders du mouvement. Certains des grévistes ont dépassé les cinquante jours de jeûne. "Ils sont ballottés entre les hôpitaux et les commissariats", poursuit-il.

Le préfet pose toujours comme préalable à toute discussion l'arrêt des grèves de la faim. Le CSP 59 demande une audience sur la base des mêmes revendications : la "régularisation immédiate" de la soixantaine de grévistes de la faim, la remise de récépissés sans tarder aux sans-papiers auxquels une régularisation a été promise et la régularisation échelonnée de plus de 500 personnes.


Philippe Allienne

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