IMMIGRATION UN PLAN POUR LES 15 MILLIONS DE PERSONNES D'ORIGINE ÉTRANGÈRE
L'Allemagne débloque 750 millions d'euros par an pour l'intégration
Le Monde du 14.07.07
e gouvernement allemand a rendu public, jeudi 12 juillet, un plan national d'intégration. Dévoilé par la chancelière Angela Merkel à l'issue d'un sommet réunissant pour la seconde fois depuis 2006 des représentants de la politique, de l'économie et des organisations de migrants, ce programme comprend 400 mesures pour améliorer l'intégration des 15 millions de personnes d'origine étrangère.
En amont de cette réunion, un conflit avait éclaté entre le gouvernement et des représentants des immigrés turcs. Quatre d'entre eux avaient refusé de prendre part au sommet pour protester contre le durcissement des conditions du regroupement familial, adopté le 6 juillet par le Bundesrat, la chambre des Länder.
Le taux d'échec scolaire des jeunes issus de l'immigration, la montée des violences dans les établissements scolaires et de spectaculaires procès liés à des affaires de crimes d'honneur, ont fait prendre conscience du déficit en matière d'intégration.
Pendant longtemps, la classe politique vivait dans l'illusion d'un retour au pays des Gastarbeiter, les travailleurs immigrés venus s'installer à partir des années 1950. La réforme du code de la nationalité en 2000 et la réforme de la législation sur l'immigration en 2005 ont constitué un tournant. Même la droite chrétienne, qui avait combattu avec ferveur la réforme du code de la nationalité, parle désormais de l'Allemagne comme d'un « pays d'intégration ».
Le plan prévoit que le gouvernement fédéral débloque 750 millions d'euros par an. Les régions s'engagent à mieux coordonner leurs actions. Quant aux communes, elles veulent ouvrir davantage de postes administratifs aux personnes d'origine étrangère.
Au centre de l'action gouvernementale, l'apprentissage de la langue allemande. Beaucoup d'immigrés, notamment parmi ceux qui viennent de Turquie, ne parlent pas ou peu l'allemand. Les cours d'intégration prévus depuis 2005 vont passer de 600 à 900 heures et les analphabètes ou les jeunes devront bénéficier d'une offre particulière. En tant que « moteurs de l'intégration », les femmes sont concernées au premier chef.
Autre priorité : améliorer les chances de réussite à l'école et dans le monde du travail. Un jeune d'origine étrangère sur cinq sort de l'école sans aucun diplôme. Et un récent rapport de l'OCDE a épinglé l'Allemagne pour sa faible capacité à intégrer les immigrés sur le marché du travail. Quel que soit le niveau de formation, le taux de chômage des étrangers reste toujours supérieur à celui des Allemands.
La ministre de l'intégration veut constituer un réseau de « parrains éducatifs », qui prendront en charge les enfants de migrants à l'école ou pendant leur apprentissage. Un programme intitulé « la deuxième chance » doit permettre de réintégrer des jeunes qui ont quitté l'école. Le gouvernement va lancer une initiative avec la chambre de commerce et d'industrie pour obtenir jusqu'à 10 000 nouvelles places en apprentissage d'ici à 2010 pour les jeunes issus de l'immigration.
En parallèle, les organisations de migrants, les fédérations patronales, les syndicats, les médias et les associations sportives apportent une contribution. La communauté turque en Allemagne va ainsi lancer une campagne d'information pour inciter les parents à s'engager pour la scolarité de leurs enfants. L'ensemble de ces mesures fera l'objet d'un premier bilan à l'automne 2008.
Cécile Calla
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