Le Parlement néerlandais devrait donner son feu vert jeudi à la régularisation d’environ 30.000 immigrés illégaux, première mesure phare du gouvernement élu en novembre et dont l’approche en matière d’immigration rompt avec celle du cabinet précédent.
Sous la houlette de la secrétaire d’Etat d’origine turque Nebahat Albayrak, "l’amnistie générale", comme la surnomment les Néerlandais, a été ficelée en trois mois.
"Au nom du gouvernement, je suis très fière de présenter cette première mesure concrète, trois mois à peine après la composition du gouvernement", a-t-elle déclaré lors d’une rencontre avec la presse à deux jours de la séance parlementaire.
"Nous sommes prêts, le service national de l’immigration est prêt", a assuré Mme Albayrak. "Une grande partie" des 25.000 à 30.000 personnes concernées, arrivées avant 2001 dans le royaume, devrait recevoir "dans les trois mois" une lettre les invitant à se présenter pour obtenir leur titre de séjour, a-t-elle précisé.
Pour les demandeurs d’asile exclus de la mesure, la secrétaire d’Etat a promis la fermeté. "Ils devront quitter le pays le plus vite possible, s’il le faut on les expulsera".
Les associations de défense des immigrés, dont certaines réclamaient une amnistie depuis la fin des années 90, se sont réjouies. "C’est une grande percée pour tous ces gens qui sont ici depuis des années (...) la fin d’une situation sans perspective (...) ils pourront enfin regarder vers l’avant et construire un avenir", a ainsi commenté Vluchtelingenwerk.
Le gouvernement néerlandais étant une coalition composée de représentants des principaux partis au parlement, l’adoption du texte ne fait pas de doute.
Mme Albayrak s’est dite "confiante", même si "il y a au Parlement un parti dont la seule raison d’être est la lutte contre l’immigration" (le PVV, extrême droite, neuf sièges sur 150, ndlr).
"Les conséquences d’une amnistie générale sont carrément catastrophiques. Avant tout, cela attirera l’immigration illégale", a toujours maintenu le leader du PVV Geert Wilders.
"Les débats risquent d’être durs, mais j’espère qu’il y aura un vote dès jeudi, sinon, on devra attendre mardi", a prévu la secrétaire d’Etat.
A 39 ans, Nebahat Albayrak, active depuis neuf ans au sein du Parti travailliste (PvdA), incarne selon ses propres mots "l’exact opposé" de la précédente ministre libérale de l’Immigration et de l’Intégration Rita Verdonk, surnommée "Rita de fer" en raison de son approche restrictive.
"Pendant toutes ces années, la régularisation a été taboue", a-t-elle estimé.
A l’issue des législatives de novembre, une coalition entre chrétiens-démocrates du Premier ministre Jan Peter Balkenende, travaillistes et un petit parti chrétien-démocrate (CU) avait mené à la composition d’un gouvernement de centre-gauche en février.
L’amnistie générale prévoit que tout demandeur d’asile débouté arrivé avant 2001 aux Pays-Bas et dont l’expulsion n’a pas eu lieu obtienne un titre de séjour, ainsi que sa famille si elle l’a rejoint avant le 13 décembre 2006.
A cette date, le parlement avait en effet demandé à Mme Verdonk, encore ministre de l’Immigration, de geler toute expulsion puisque des élections était sortie une majorité claire en faveur d’une régularisation. Mme Verdonk avait dû céder après le vote d’une motion de censure.
L’amnistie exclut les criminels de guerre et les personnes condamnées à au moins un mois de prison ferme.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire