Jonas vit au Cameroun où il est doctorant en théologie. En 2005, ayant la possibilité
de venir étudier en France, il décide de demander un visa.
Quelques semaines avant son départ, il se présente au consulat de France munis de toutes les pièces indiquées comme nécessaires. L’ouverture des guichets a lieu à 7h30, mais Jonas est prévoyant et il arrive avec près de deux heures d’avance.
Pourtant, une foule importante est déjà là et une longue attente commence.
Jonas constate alors que certaines personnes sont introduites directement au début de la file par les policiers camerounais présents autour du consulat. On lui fait vite comprendre que s’il veut bénéficier du même traitement il doit payer 50 000 francs CFA, c’est à dire l’équivalent de la moitié du salaire mensuel moyen d’un ouvrier au Cameroun. Ceux qui contestent cette pratique sont rapidement sortis des rangs, violentés et arrêtés. Vers midi, les grilles se ferment et Jonas apprend qu’il doit revenir la semaine suivante, car pour la catégorie de visa qu’il demande,les dossiers ne peuvent être déposés que deux jours par semaine.
La semaine suivante, Jonas arrive au consulat à 4h du matin. A nouveau la foule est déjà là. Jonas refuse toujours de payer les policiers ainsi que les intermédiaires qui proposent leurs services pour obtenir rapidement un visa. Il finit toutefois par acheter sa place à une autre personne qui souhaite renoncer à son voyage. Pour 10 000 francs CFA il passe ainsi de la 25ème à la 10ème place. Cette dépense est vaine car d’autres personnes sont progressivement introduites devant lui et, à nouveau, les grilles se ferment sans qu’il ait pu présenter son dossier.
Après plusieurs tentatives, Jonas décide de dormir devant le consulat afin d’avoir une meilleure place dans la file d’attente. Il arrive enfin à déposer son dossier, mais l’agent du consulat lui déclare alors que celui-ci n’est pas complet et lui claque la porte au nez sans l’écouter et sans lui donner d’explication.
Jonas est complètement découragé car son départ est prévu pour le lendemain.
Heureusement, son statut de pasteur lui a attiré la sympathie des intermédiaires à qui il a toujours refusé de s’adresser. Ceux-ci étudient son dossier et lui confirment qu’il est complet d’un point de vue officiel, mais qu’il lui manque différents documents qui ne figurent dans aucune liste, à savoir son acte de mariage, son CV, et surtout pour environ 100 000 francs CFA de “travellers cheques”.
C’est une somme colossale pour Jonas qui doit en plus verser des commissions aux intermédiaires qui lui proposent de lui fournir ces travellers cheques. Un ami lui
avance la somme et le lendemain, après une nouvelle nuit devant le consulat, il obtient enfin le fameux visa.
Source : Mission n°159, avril 2006
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