Le gouvernement relance le débat d'une immigration malsaine pour l'économie. Ces préjugés bien ancrés n'ont pourtant aucune réalité. Explications.
La France accueille chaque année 100.000 personnes. Soit un des taux les plus faibles d'Europe. En 1920, 300.000 étrangers entraient dans l'hexagone contre 200.000 en 2010, pendant que simultanément 100.000 étrangers quittaient le territoire.
L'argument faisant état d'immigrés "profitant du système", argument sans cesse rabâché par les partisans d'une diminution de l'immigration, n'est qu'une illusion selon une étude des chercheurs du Cepii détaillée dans les Echos. Ils ajoutent que seule la forte concentration géographique d'étrangers peut donner le sentiment aux Français de "ne plus être chez eux", pour reprendre les termes de Claude Guéant.
Nouvelobs.com passe en revue les trois principaux préjugés sur l'immigration.
1. "Les immigrés profitent du système français"
FAUX
- Les populations immigrées non communautaires sont à première vue plus souvent bénéficiaires de la protection sociale (hors retraite et santé). A priori, les chiffres pourraient confirmer cette idée. Mais l'étude du Cepii montre que si, en 2005, les immigrés du Maghreb et du reste de l'Afrique étaient plus nombreux à bénéficier de l'allocation chômage et du RMI en proportion du nombre de Français, ces mêmes immigrés sont en majorité des actifs. Ainsi, s'ils paraissent toucher plus d'aides de l'Etat, ils cotisent aussi proportionnellement plus que les Français de souche.
- Peu d'immigrés ont plus de 60 ans (la tranche d'âge bénéficiant le plus de la protection sociale, retraite et dépenses de santé). Ils ont donc un impact faible sur les dépenses sociales de l'Etat, bien que le taux de chômage dans la population immigrée est plus élevé que la moyenne nationale.
- La présence d'immigrés serait même positive pour le budget français puisque l'apport régulier d'actifs permet une réduction du fardeau fiscal du vieillissement la population.
2. "Diminuer l'immigration fait baisser le chômage"
FAUX
- Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, soutient qu'il est possible de diminuer le chômage en réduisant le nombre d'immigrés.
Cette affirmation suppose que les chômeurs français occuperaient les postes aujourd'hui détenus par des travailleurs immigrés. Or, ces derniers sont le plus souvent salariés à des emplois pénibles (restauration, bâtiment, travaux publics), précaires, moins bien payés, qui n'intéressent pas les chômeurs français.
Faire diminuer le nombre d'immigrés pourrait même avoir un effet néfaste : augmenter les tensions sur le marché de l'emploi, faire croître le travail au noir et donc l'immigration illégale.
L'étude va plus loin en affirmant qu'avec la crise économique, les immigrés auraient joué un rôle d'amortisseur pour l'ensemble du marché du travail.
3. "L'immigration compense le vieillissement de la population"
VRAI ET FAUX
L'immigration ne peut le compenser qu'en partie seulement. L'immigration a un impact positif sur la population active. Ainsi si 150.000 personnes immigrent par an en France, il y aura 1 million d'actifs de plus en 2040.
Mais les flux actuels de l'immigration sont trop faibles pour diminuer la différence entre actifs et inactifs. Il faudrait plusieurs millions d'immigrés chaque année, ce qui aboutirait au doublement de la population française tous les quarante ans. Ainsi l'immigration n'est pas une solution au vieillissement. Ses aspects positifs ne sont que temporaires.
Nouvelobs.com
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