Depuis le 15 avril , près de 1 000 travailleurs sans papiers se sont mis en grève en Ile-de-France pour réclamer leur régularisation. Selon la CGT, qui soutient leur action, 70 % d'entre eux sont maliens. Dans un entretien au Monde, Mohamed Salia Sokona, ambassadeur du Mali à Paris, demande à la France d'être « humaine » dans le traitement des dossiers de ses ressortissants.
Comment percevez-vous le mouvement des travailleurs sans papiers ?
Je ne peux pas rester indifférent face à une telle situation. Il y a des gens qui ont du travail et qui veulent sortir de cette situation inconfortable. Nous sommes très solidaires de leur revendication légitime, qui est la régularisation. Nous ne demandons pas l'impossible.
Le gouvernement français s'est dit prêt à régulariser « au cas par cas ». Le regrettez-vous ?
L'essentiel pour nous, c'est que le gouvernement français puisse examiner les dossiers avec un côté humanitaire : c'est quelque chose qu'on pourrait saluer.
C'est ce qui pourrait vous inciter à signer les « accords de gestion concertée des flux migratoires » avec Brice Hortefeux, ministre de l'immigration ?
Nous sommes en pleine négociation. Il n'y a aucune précipitation. Mais je tiens à dire que nous avons toujours été contre l'immigration clandestine. Il faut que les compatriotes comprennent qu'ils doivent être en règle dans le pays d'accueil.
Ceux de vos compatriotes qui viennent en France font-ils le bon choix ?
Ils ne vont pas forcément trouver un eldorado. Mais ces gens qui viennent ici, avez-vous vu dans quelle souffrance ils vivent pour nourrir leur famille ? Ils font beaucoup pour le développement économique du pays : c'est remarquable !
Je dois préciser que leur départ n'est pas toujours lié à une raison économique, c'est très culturel aussi chez nous de partir : ça forge l'homme.
Vous ne souhaitez pas les retenir ?
Nous oeuvrons pour qu'ils ne soient plus tentés par le départ. Et, pour ceux qui sont loin du pays, il nous faut trouver des projets afin qu'ils reviennent investir et s'installer chez eux. Nous y parviendrons.
Le Monde du 22.05.08
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