Source : http://www.sudouest.fr, 28 mars 2012
Un collectif d'associations d'aide aux étrangers vient de publier un rapport recueillant des témoignages à charge afin d'interpeller la préfecture sur la qualité de l'accueil.
L'Asti, la Cimade, le Réseau d'éducation sans frontière, le collectif de soutien aux sans papiers, la Ligue des droits de l'homme, l'Institut de défense des étrangers, le collectif asile, le comité Tchétchénie Caucase Gironde et plusieurs syndicats ont uni leurs efforts pour réunir des témoignages d'étrangers confiant leurs difficultés administratives et humaines à leur arrivée dans notre pays.
Le rapport a été divisé en cinq chapitres : les obstacles à l'enregistrement des demandes, les arrestations en préfecture, la demande de naturalisation, comment justifier d'un domicile quand on n'en a pas et les conditions d'accueil.
Chaque chapitre est divisé en quatre parties : ce que disent les textes, les constats, les témoignages et les recommandations. Il s'agit donc bien d'un vade mecum à l'intention des élus et des associatifs mais aussi des citoyens désireux de s'informer sur ce sujet sensible.
Aggravation depuis 2010
Dans son introduction à la conférence de presse organisée hier au Centre Ha 32 à Bordeaux, Janine Guerra (Asti) a rappelé les buts des associations : « Collecter les témoignages des personnes en attentes de droits, procéder à une demande d'audience commune et rendre publique la collecte ». Elle précisa que cette entrevue le 23 mai 2011 avec la secrétaire générale de la préfecture Isabelle Dilhac n'avait « donné lieu à aucun résultat et aucune avancée ».
Les responsables associatifs considèrent même que depuis juin 2010 et le début de leur entreprise de collecte, la vie des étrangers est allée en empirant. « On ignore de plus en plus la situation humanitaire des personnes concernées et les tracasseries administratives se multiplient » remarquait Gérard Clabé (RESF). À commencer par d'interminables et souvent vaines atteintes à la préfecture (voir les témoignages ci-dessous).
U ne avancée toutefois depuis le mois de juillet 2011 : la création du guichet 4 à la préfecture, réservé aux avocats et aux associations : « Mais si cela nous évite de faire la queue, ce guichet n'est ouvert que deux fois deux heures par semaine et ne change rien à la vie des étrangers » constatait Me Astié.
De manière unanime, les associatifs dénoncent les conditions d'accueil entachées de suspicion et de manque de courtoisie. Ils se refusent néanmoins à stigmatiser le personnel administratif, estimant que « le mal vient d'en haut ».
Situation kafkaïenne
Certains témoignages révèlent la situation quasi kafkaïenne dans laquelle pataugent les étrangers en attente d'une autorisation de séjour. Mais pour Janine Guerra, le rapport n'est pas lié au récent débat sur l'immigration : « C'est un travail de fond qui lui est largement antérieur ».
Reste à savoir l'accueil qui sera offert à cette enquête à la préfecture. Pour l'heure, le préfet, tenu à son devoir de réserve en période électorale, n'est pas en mesure de réagir. « Nous ne le savions pas mais nous sommes prêts à le rencontrer s'il le désire » affirme Janine Guerra.
Le rapport a été divisé en cinq chapitres : les obstacles à l'enregistrement des demandes, les arrestations en préfecture, la demande de naturalisation, comment justifier d'un domicile quand on n'en a pas et les conditions d'accueil.
Chaque chapitre est divisé en quatre parties : ce que disent les textes, les constats, les témoignages et les recommandations. Il s'agit donc bien d'un vade mecum à l'intention des élus et des associatifs mais aussi des citoyens désireux de s'informer sur ce sujet sensible.
Aggravation depuis 2010
Dans son introduction à la conférence de presse organisée hier au Centre Ha 32 à Bordeaux, Janine Guerra (Asti) a rappelé les buts des associations : « Collecter les témoignages des personnes en attentes de droits, procéder à une demande d'audience commune et rendre publique la collecte ». Elle précisa que cette entrevue le 23 mai 2011 avec la secrétaire générale de la préfecture Isabelle Dilhac n'avait « donné lieu à aucun résultat et aucune avancée ».
Les responsables associatifs considèrent même que depuis juin 2010 et le début de leur entreprise de collecte, la vie des étrangers est allée en empirant. « On ignore de plus en plus la situation humanitaire des personnes concernées et les tracasseries administratives se multiplient » remarquait Gérard Clabé (RESF). À commencer par d'interminables et souvent vaines atteintes à la préfecture (voir les témoignages ci-dessous).
U ne avancée toutefois depuis le mois de juillet 2011 : la création du guichet 4 à la préfecture, réservé aux avocats et aux associations : « Mais si cela nous évite de faire la queue, ce guichet n'est ouvert que deux fois deux heures par semaine et ne change rien à la vie des étrangers » constatait Me Astié.
De manière unanime, les associatifs dénoncent les conditions d'accueil entachées de suspicion et de manque de courtoisie. Ils se refusent néanmoins à stigmatiser le personnel administratif, estimant que « le mal vient d'en haut ».
Situation kafkaïenne
Certains témoignages révèlent la situation quasi kafkaïenne dans laquelle pataugent les étrangers en attente d'une autorisation de séjour. Mais pour Janine Guerra, le rapport n'est pas lié au récent débat sur l'immigration : « C'est un travail de fond qui lui est largement antérieur ».
Reste à savoir l'accueil qui sera offert à cette enquête à la préfecture. Pour l'heure, le préfet, tenu à son devoir de réserve en période électorale, n'est pas en mesure de réagir. « Nous ne le savions pas mais nous sommes prêts à le rencontrer s'il le désire » affirme Janine Guerra.
Deux jours de file d'attente en vain
Ce sont des témoignages vivants, pris à la source auprès de bénévoles accompagnant les demandeurs d'asile. Ils émaillent le rapport comme autant de faits bruts révélant la situation parfois inextricable dans laquelle se débattent les étrangers en France.
« En octobre 2010, un bénévole associatif accompagne deux familles X puis Z (deux couples avec enfants) pour retirer le prédossier de demande d'asile. Pour la famille Y, après un examen informatique de cinq à dix minutes, à partir des pièces d'identité fournies, l'employée au guichet pose des questions en parlant nerveusement et rapidement. Après avoir accordé seulement quelques secondes de temps de réponse au couple Y, elle l'accuse de mensonge sans qu'il ait pu ouvrir la bouche. L'employée explique qu'elle a identifié que la famille a déjà séjourné en France. Cependant le couple ne comprenait pas encore très bien le français et c'est pour cela qu'il n'avait pas répondu promptement aux questions qui lui étaient posées. L'accompagnateur a servi d'interprète par le biais de l'anglais et ainsi l'employée a pu vite s'apercevoir qu'il ne cherchait à nier aucun fait ».
Autre témoignage sur le sujet « décisions arbitraires dans la prise en charge des dossiers » :
« Le lundi 10 octobre 2011, M. X, après avoir subi deux jours de file d'attente, a été finalement reçu au guichet. Il est venu faire une demande de carte de séjour en présentant les documents et a précisé qu'ils ont été constitués par son avocat. « La dame au guichet nous a répondu que ce n'est pas à nous de faire la demande administrative en ce qui concerne la demande de carte de séjour. C'est l'avocat qui doit l'effectuer. Nous avons persisté, elle nous a répondu la même chose. On a essayé de savoir pourquoi. Malgré l'insistance, elle nous a répliqué qu'il n'y a pas d'autre solution » raconte l'amie qui l'accompagnait.
Ce sont des témoignages vivants, pris à la source auprès de bénévoles accompagnant les demandeurs d'asile. Ils émaillent le rapport comme autant de faits bruts révélant la situation parfois inextricable dans laquelle se débattent les étrangers en France.
« En octobre 2010, un bénévole associatif accompagne deux familles X puis Z (deux couples avec enfants) pour retirer le prédossier de demande d'asile. Pour la famille Y, après un examen informatique de cinq à dix minutes, à partir des pièces d'identité fournies, l'employée au guichet pose des questions en parlant nerveusement et rapidement. Après avoir accordé seulement quelques secondes de temps de réponse au couple Y, elle l'accuse de mensonge sans qu'il ait pu ouvrir la bouche. L'employée explique qu'elle a identifié que la famille a déjà séjourné en France. Cependant le couple ne comprenait pas encore très bien le français et c'est pour cela qu'il n'avait pas répondu promptement aux questions qui lui étaient posées. L'accompagnateur a servi d'interprète par le biais de l'anglais et ainsi l'employée a pu vite s'apercevoir qu'il ne cherchait à nier aucun fait ».
Autre témoignage sur le sujet « décisions arbitraires dans la prise en charge des dossiers » :
« Le lundi 10 octobre 2011, M. X, après avoir subi deux jours de file d'attente, a été finalement reçu au guichet. Il est venu faire une demande de carte de séjour en présentant les documents et a précisé qu'ils ont été constitués par son avocat. « La dame au guichet nous a répondu que ce n'est pas à nous de faire la demande administrative en ce qui concerne la demande de carte de séjour. C'est l'avocat qui doit l'effectuer. Nous avons persisté, elle nous a répondu la même chose. On a essayé de savoir pourquoi. Malgré l'insistance, elle nous a répliqué qu'il n'y a pas d'autre solution » raconte l'amie qui l'accompagnait.
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