Source : Nice Matin du 17 février 2009
Chaque matin de semaine, ils sont une bonne centaine - quelquefois plus - à faire le pied de grue à l'entrée du Cadam à Nice. Des hommes, des femmes, de toutes les conditions. En attendant l'ouverture des portes, ils s'agglutinent en une masse compacte qui monte en pression, au fur et à mesure que l'heure fatidique approche.
Il n'y a pas de ticket pour tout le monde
S'ils viennent aussi tôt - à 6 heures du matin pour certains - et s'ils se précipitent dans le Cadam dès l'ouverture à 8 heures, c'est pour être reçus par un fonctionnaire du service des étrangers. Mais, pour accéder au guichet des cartes de séjour, encore faut-il un ticket, qui détermine l'ordre de passage, comme dans les rayons poissonnerie des grandes surfaces. Sauf qu'à la préfecture, des tickets, il n'y en a pas pour tout le monde. Il en est distribué chaque jour un nombre variable, autant que les fonctionnaires peuvent traiter de dossiers. Seuls les premiers arrivés seront servis.
Nous avons constaté de visu cette situation. Pas plus tard que jeudi, ceux qui dix minutes auparavant voisinaient encore en bonne intelligence dans le froid sec à l'extérieur du Cadam, commencent à échanger des mots : « Tu viens d'arriver, fais la queue ». « T'as compris, casse-toi ! »
Top départ : galopade et bousculade
A l'arrière de la file, les derniers poussent par réflexe, comme si cela pouvait avancer leur passage. Devant, ceux qui sont comprimés contre les grilles étouffent.
A 8 heures pile, comme à l'hippodrome voisin de Cagnes-sur-Mer, le portillon électrique libère d'un seul coup les chevaux, pardon ces humains qui viennent simplement chercher un document administratif leur permettant de séjourner légalement sur le territoire national.
Bousculade, galopade : entre le portillon et le service des étrangers, tout le monde pique un sprint jusqu'au premier bâtiment à gauche. Une course de cent mètres en ligne droite suivie d'un virage à 90 degrés, pour entrer entre deux barrières métalliques formant entonnoir. Et tant pis s'il y en a qui tombent, ce qui arrive parfois.
Un seul policier est présent. Il fait du mieux qu'il peut avec cette marée humaine qui déferle dans le bâtiment. Il traite les gens avec humanité, renseigne et réconforte. Les « survivants » qui auront couru le plus vite et au besoin joué des coudes auront leur ticket.
Les autres, tant pis pour eux, reviendront le lendemain matin. En attendant l'ouverture du portillon, ils patienteront en regardant flotter le drapeau tricolore dans l'enceinte du Cadam. Est-ce ainsi que la France accueille ces étrangers, des travailleurs réguliers ? Hélas oui !