Eric Besson, portrait du nouveau ministre de l’Immigration
Ancien secrétaire national du Parti Socialiste, Eric Besson a rejoint Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle de 2007 suite à une altercation avec Ségolène Royal. Nommé secrétaire d’Etat dans le gouvernement Fillon à l’issue des législatives de juin 2007, il vient de monter en grade en prenant la succession de Brice Hortefeux au ministère de l’Immigration. A la tête d’un portefeuille ministériel très décrié, celui qui se revendique encore de gauche n’aura pas la tâche facile pour justifier une politique d’immigration très à droite.
Retour sur le parcours atypique d’un responsable politique considéré comme un traître par sa famille politique d’origine.
Eric Besson est né à Marrakech le 2 avril 1958. Sa mère est originaire du Liban tandis que son père est français. Orphelin, il n’a jamais connu son père qui était pilote-instructeur pour l'armée française et se tua en vol trois mois avant sa naissance. A l’âge de 17 ans, Eric Besson débarque en France pour faire des études. Il obtient une licence en droit, fait Science Po puis entre à l'Ecole supérieure de commerce de Montpellier. Après un échec à l’entrée à l’ENA, il cherche un emploi dans le privé. Il travaille pour plusieurs entreprises : le groupe Renault, le magazine « Challenges », la fondation Agir contre l'exclusion de Martine Aubry et la fondation Vivendi, où il s'occupe de la réinsertion des chômeurs. C’est en 2000 que Jean-Marie Messier, le PDG de Vivendi, le présente à Nicolas Sarkozy lors d’un débat du Club des 40 réunissant la génération montante des chefs d’entreprise.
Ses premiers pas en politique
Eric Besson entre au PS en 1993. Il se présente aux élections municipales de 1995 et se fait élire maire de Donzère dans la Drôme. Il est ensuite élu député en 1997 puis réélu en 2002. A cette époque, il est très proche de François Hollande et de Lionel Jospin. Trois ans plus tard, il parvient à entrer à la direction du parti en tant que secrétaire national à l'Emploi. Il change pour l'Economie et la Fiscalité à partir de 2005.
Mais tandis qu’il n’est qu’un dirigeant du parti encore très discret, il démissionne avec fracas de son poste le 14 février 2007 pour, dit-il, « des raisons personnelles ». En réalité, après une vive altercation avec Ségolène Royal, candidate à la présidentielle au sujet du chiffrage du programme, Eric Besson préfère quitter son poste. Selon lui, le budget du programme serait bien supérieur à celui avancé par la candidate qui tente de minimiser le scandale en rétorquant dans les médias « Qui connaît Monsieur Besson ? ». Eric Besson piqué au vif ne perd pas un instant pour se rendre chez un éditeur, Grasset, et écrire avec le journaliste Claude Askolovitch le pamphlet « Qui connaît Madame Royal? » dans lequel il dénonce la démagogie et le populisme de la candidate socialiste. Ce livre sera mis sous presse un mois après le début du scandale.
Eric Besson, le traître
Alors qu’il a affirmé dès les premiers jours après sa démission vouloir rejoindre le privé, Eric Besson revient sur sa décision en ralliant le camp de Nicolas Sarkozy. Au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, il participe à un meeting du candidat UMP à Dijon et prend publiquement la parole pour déclarer qu’il apporte son soutien ainsi que son vote à Nicolas Sarkozy.
Profitant de cette aubaine, le candidat UMP lui propose d’organiser le « pôle de gauche » de sa future majorité présidentielle. Grâce à sa position particulière, Eric Besson est bien placé pour connaître les stratégies de la gauche et aider Nicolas Sarkozy à déstabiliser sa rivale dans sa campagne. Eric Besson a pu notamment donner de précieux conseils au candidat UMP dans la préparation de son débat face à Ségolène Royal.
Contrairement aux autres personnalités de gauche comme Fadela Amara ou Martin Hirsch venus au gouvernement pour apporter leur vision socialiste, Eric Besson a complètement rompu avec le parti socialiste. Lors des élections législatives de 2007, il se présente en tant que candidat UMP, au gouvernement. De plus, il se fond complètement dans l’esprit du gouvernement et n’apporte aucune contradiction avec les différentes orientations de la majorité.
Du secrétariat d'Etat à la Prospective et à l'Economie numérique au ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale
Aux élections législatives de 2007, Eric Besson est élu député de la Drôme sous l’étiquette UMP. Il crée alors son propre club : les Progressistes, club formé par des gens de gauche qui s’inscrivent pourtant dans la majorité présidentielle.
Le 18 mai 2007, François Fillon nomme Eric Besson secrétaire d'Etat à la Prospective et à l'Economie numérique. A ce poste, il est chargé de rédiger des rapports sur la France en 2025, la révision générale des politiques publiques, le droit au logement opposable, la formation des prix alimentaires, l'évaluation des grands projets publics, la compétitivité du football français…
Le 15 janvier 2009, Eric Besson est promu ministre de l’Immigration, remplaçant ainsi Brice Hortefeux. Son objectif est de non seulement poursuivre la lutte contre l’immigration clandestine comme l’avait fait son prédécesseur mais aussi de permettre une meilleure intégration. Selon lui, et pour répondre à ses détracteurs de gauche particulièrement rétifs à ce ministère, lutter contre l’immigration clandestine signifierait refuser l’ « exploitation humaine »
et « les filières mafieuses »
.
Pourtant, sa nomination en surprend plus d’un : le 10 janvier 2007, soit un mois avant sa démission du PS, Eric Besson écrit un rapport sur les « inquiétantes ruptures de Monsieur Sarkozy »
dans lequel il dénonce précisément la politique d’immigration choisie du ministre de l'Intérieur et candidat à l’élection présidentielle. Mais Nicolas Sarkozy ne semble pas lui en tenir rigueur : l’époque socialiste est révolue, Eric Besson a désormais embrassé la cause Umpiste.
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